Les clips de la semaine #257 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de notre 257ème sélection des clips de la semaine.

jean – Mouillé

Après un LOOP de haute qualité auréolé d’un prix du jury aux iNOUïS du Printemps de Bourges et d’une tournée des festivals à l’été 2024, jean se savait attendu au tournant. Loin de choisir la sécurisante voix de la continuité, jean préfère l’accélération, la prise de risque et le danger.

C’était déjà le cas avec l’excellente Arrête de faire comme si, c’est une nouvelle fois le cas avec Mouillé, jean explore une veine entre le groove et la soul, sur laquelle il déverse son spleen et sa vision d’un amour qui se termine et qui se brise dans les yeux de l’autre. Minimaliste et percutante dans sa production, c’est dans l’interprétation que tout se joue dans Mouillé.

La voix qui se casse, toujours plus proche de la rupture, jean s’offre un grand moment d’interprétation, toujours sur le fil de l’émotion, poussant sa voix jusqu’à sa limite, cherchant à faire vivre avec le plus de force possible les mots qui font du bien à dire mais du mal à vivre. Fracassante déclaration d’un amour qui s’éteint, jean nous laisse le regard mouillé et le cœur en miette.

Alors LOOP laissait l’influence de Fight Club infusé dans le projet, c’est du côté du cinéma de Wim Wenders et son Paris, Texas que Mouillé plante son univers visuel.

Réalisé par Jo Maur, la vidéo prend place dans un Peep Show, laissant transparaitre autant le désir persistant que la rupture émotionnelle et la froideur d’une relation qui voit ses protagonistes séparé par une vitre et des non-dits. Superbement réalisé, la vidéo nous transporte et souligne tous les sentiments qui explosent dans Mouillé. Rappelant une fois encore que le clip n’est pas prêt de mourir si on y insuffle assez d’envie et d’ambition pour le transformer en petit court-métrage, un vecteur d’émotion visuel répondant à celui sonore et se nourrissant l’un l’autre.

Pour le futur, c’est sur scène qu’on retrouvera jean. Après une Boule Noire complète et une Maroquinerie déjà sold-out en juin c’est au Trabendo en décembre que le musicien plantera son spleen avec, entre temps, beaucoup de dates à travers toute la France.

Zoomy –VÊTEMENTS CHERS

Aux côtés de sa BMW, le rappeur du 19e arrondissement de Paris remet les pendules à l’heure, nous plongeant dans un froid polaire, bien loin du doux printemps de ces derniers jours. Réchauffé dans sa chapka et sa veste Moncler, Zoomy nous balance depuis son chalet ses gimmicks et ce qu’il maîtrise le mieux : l’art du flex.

En se construisant une crédibilité que peu osent viser ou même croire, il avance doucement mais sûrement. Son clip, aussi glacé dans ses paysages que dans sa colorimétrie, accentue la nonchalance de l’artiste. Sa production, entre envoûtement et uppercut offre un terrain de jeu à un chanté maîtrisé et surprenant. On a donc en résultat un des hits les plus enivrants de sa carrière.

Déjà dans 243 km/h, extrait de la dernière mixtape de Theodora, il nous confiait: “si je redeviens broke, je deviens riche en vendant mon dressing.” Avec VÊTEMENTS CHERS, plus aucun doute : son style et son rap sont ses plus grandes richesses.

Sextile – Kids

Groupe en perpétuelle évolution, Sextile sera de retour le 2 mai prochain avec un nouvel album intitulé yes, please chez Sacred Bones et dévoile cette semaine son nouveau morceau, Kids.

Morceau à l’énergie qui contamine, Kids semble capturer la fouge de la jeunesse, ces moments où l’on se cherche, où l’on défie l’autorité tout en commençant à former autour de soi une communauté et des influences qui nous suivront toute notre vie. Un morceau tout à la fois solaire et nostalgique qui pousse au plus fort les BPMs pour nous entrainer dans une grosse fête dansante et collective où tout semble possible. Un rush de puissance face auquel on écarquille les yeux et où l’on se laisse entrainer sans forcément penser à ce qui se passera ensuite.

La vidéo de Augustus Muller, moitié du duo Boy Harsher, fait tout pour capture les émotions du morceau mais aussi de la jeunesse, nous entrainant dans un univers qui pulse et qui fonce à 1000 à l’heure. De la fête, de la camaraderie et un monde qui passe autour de nous sans que l’on s’en rende compte, Kids en son et en images est une grand fête hédoniste qui fera rajeunir les esprits le temps de ses 4 minutes.

Pour accompagner la sortie de l’album, Sextile sera de passage en France à la fin du printemps avec notamment une date au Trabendo et un passage eu festival Art Rock.

47MEOW– VIE EN ROSE

« J’aimerais te prêter mes yeux, pour que tu voies les choses comme je les vois.» Ni une ni deux, 47MEOW nous tend une paire de lunettes avec un clip filmé en vue subjective. Une technique qui nous glisse directement dans ses chaussons, pour observer son quotidien de l’intérieur. Ambiance douce, presque domestique, où l’on déambule dans le moodboard de sa vie : aquariums zen, jungle de plantes et… du rose. Partout.

Sur un refrain entêtant porté par une drum and bass douce, 47MEOW signe un titre introspectif. Une ode à la beauté d’un quotidien routinier qui se transforme en un instant précieux. Elle termine même sa journée à la pêche, on est presque jaloux.

hard life – othello

Après quelques éclats lancés en éclaireurs ces deux dernières années, les gars de hard life reprennent enfin pleinement la parole. Un retour marqué par othello, premier souffle d’un nouvel ensemble intitulé onion, annoncé pour le 18 juillet.

Il y a quelque chose de différent, de plus profond. L’énergie est là, toujours aussi précise, mais cette fois portée par autre chose : une forme de gravité neuve, sans surjeu. Il faut dire que le chemin n’a pas été simple. On leur a demandé de laisser derrière eux ce nom (easy life) qu’ils s’étaient forgé, qu’ils avaient défendu, porté. Un arrachement plus qu’un simple rebranding. Une blessure d’identité.

Pourtant, les voilà, ailleurs. Plus loin. Dans un décor brumeux quelque part au Japon, entre les pierres chaudes d’un bain thermal, les gestes semblent ralentis, les regards plus calmes. Sur les murs, des motifs de carpes. Nous aimons croire qu’il s’agit là d’un clin d’œil à la légende : ces carpes qui, après une lutte patiente et solidaire, franchissent la Porte du Dragon pour renaître en dragons.

Peut-être qu’eux aussi y sont passés. Que l’épreuve les a transformés. Il ne s’agit plus de reconstruire à l’identique, mais d’apparaître autrement, en accord avec ce que le feu a laissé.

Le retour est réussi, fluide et authentique. Il ne fait aucun doute que d’autres extraits viendront ponctuer l’attente, avant l’arrivée complète de ce troisième album.

Say Sue Me – Vacation (ft. Kim Hanjoo)

Des semaines comme celle-ci, il faut savoir les savourer. Le retour des sud-coréens de Say Sue Me arrive avec une justesse étonnante. Après deux albums solides en 2022 et deux très bons singles en 2023, l’attente pour ce nouvel extrait se faisait de plus en plus pressante. Vacation, premier morceau du futur EP Time Is Not Yours, à paraître le 30 avril, nous offre enfin ce qu’on attendait : quelque chose de brut, de direct et qui respire.

Le titre prend la forme d’une vague qui monte lentement, mais sans jamais se calmer. Les guitares sont tranchantes, la rythmique avance sans hésitation, et la voix de Kim Hanjoo, parfaitement posée, apporte un peu de calme avant que le reste ne nous emporte. Il y a une sensation d’équilibre parfait, un peu de chaos maîtrisé dans ce flot d’énergie, comme une promesse qu’il ne faut jamais oublier de prendre le temps, même lorsque tout va vite. La chanteuse et guitariste Choi Sumi, quant à elle, apporte cette touche de légèreté, presque tranquille, mais avec une profondeur que seule une véritable maîtrise de sa voix peut offrir.

Un retour réussi, et il ne serait pas surprenant de les retrouver à nouveau sur La Face B à partir du 30 avril.

Nerlov feat. Yolande Bashing – J’irai

Quand deux chouchous de la Face B se rencontrent, forcément on ouvre l’oreille. Nerlov, Yolande Bashing, deux noms qu’on suit depuis le début et dont on guette les actualités avec pas mal de certitudes alors cette semaine on était prêts à se gaver.

Le résultat, c’est J’irai, un titre qui fonce, qui va vite et qui donne envie d’aller s’isoler loin du monde. Les synthés répondent à une batterie acoustique pour renforcer une déchirure portée par la mélancolie du morceau.

On sent le besoin de s’échapper, comme une envie irréfragable, une pulsion impossible à expliquer. Ça donne la chair de poule et côté images, l’idée est simple mais terriblement efficace. Les deux artistes se font face et chantent sur fond de visuels symbolisant le voyage.

Plutôt ville quand Nerlov a la parole, plutôt nature quand c’est Yolande, plutôt moyens de déplacement quand les deux chantent ensemble. En conclusion, c’est un très beau featuring et on a hâte de se le passer en boucle pendant les prochaines semaines.

Dimitri von Büren – On Track

Dimitri von Büren nous livre une bouffée d’air frais indie-jazz avec son nouveau single On Track, un mélange rafraîchissant d’indie, de jazz, d’afrobeat et de subtiles touches de flamenco.

Dans un clip à l’esthétique rétro tourné entre le parc de la Villette et le club de jazz La Gare, le singer-songwriter parisien rend un vibrant hommage au 19ᵉ arrondissement de Paris — quartier où il a grandi et où il vit encore aujourd’hui. Il y célèbre également la complicité musicale qui le lie à ses compagnons de scène : Bruno Gadiot, William Atkins et Théo Cortin.

Composé au cœur d’un été passé à la plage, On Track a vu le jour pour la première fois lors d’une jam session estivale avec le trompettiste Clément Molinié. Ce dernier est ensuite revenu enregistrer ses envolées de trompette sur la version studio du morceau, y insufflant une touche délicieusement groovy qui sublime l’ensemble.

La FLEMME – Sans Fond

Vous connaissez probablement ce sentiment de liberté intense au moment de partir en vacances, le vent qui balaie notre visage par la fenêtre ouverte alors qu’on roule à toute allure vers des contrées nouvelles. Le temps de se ressourcer, de s’apaiser et de prendre le temps de vivre, simplement. 

Le quatuor marseillais La FLEMME nous transporte aujourd’hui au cœur de quelques jours de vacances entre amis, retrouver cette insouciance le temps d’une chanson, pour nous replonger dans nos souvenirs. Sans Fond promet de l’insouciance oui, mais pas que. A ces rires et moments de complicité partagés au sein du groupe, se mêlent d’autres sentiments et expériences moins agréables. La FLEMME met donc en scène des chamailleries sans conséquences entre amis, mention spéciale à la partie de UNO pouvant dévaster les amitiés les plus solides… Mais également une expérience partagée par de nombreuses personnes (femmes, surtout) : celle d’un prétendant un peu trop insistant aux conversations trop fades qui viennent gâcher certains moments pour l’une des membres de la joyeuse bande.

Côté musique, on retrouve le garage popesque de la FLEMME et ils nous offrent encore une fois un joli rock coloré qui nous donne envie de danser, un son parfait pour le début des beaux jours. La voix reste douce et discrète, presque en surface et vient déposer sur les guitares psyché une note de nostalgie. Sans Fond possède une saveur douce-amère qui nous évade et nous fait réfléchir à la fois, parfait pour siroter un verre sur sa terrasse cet été !

Darwin Experience – Automatic Doors

L’année démarre fort (très fort, même) pour les Darwin Experience. Une Maroquinerie annoncée pour novembre, une nouvelle identité visuelle ultra graphique signée desformes, des teasings autour d’un projet à venir et une série de reprises en compagnie de quelques-uns de nos chouhcous : une version délicieusement nostalgique de Coeur Grenadine avec Édouard Bielle ou encore une reprise en français de Starbuster avec Simia.

Cette semaine, c’est avec Automatic Doors que les quatre garçons reviennent souffler un vrai vent de fraîcheur. Une chanson qu’on situerait entre le rock indé des années 2010 à la Phoenix et des sonorités très actuelles : guitares tweakées, textures pop internet façon Jacques, et la voix d’Adrien (le chanteur) passée à l’autotune, comme robotisée. Un hymne coming-of-age, un thème de prédilection des Darwin Experience, qui évoque le passage à l’adulte et toutes ces choses que l’on projette un jour de faire pour se détacher de l’adolescence. Mais au fond, qu’est-ce que ça veut dire être adulte, quand on a déjà la vingtaine ?

Pour ce premier clip (et on espère le début d’une longue série), les Darwin jouent la carte d’un minimalisme très classe : des looks à la The Dare en vacances au Havre, tout de noir vêtus. Réalisé par Martin Schrepel (mois prolifique pour le réalisateur, dont on saluait déjà le travail la semaine dernière) et sous l’œil de Grégoire Léon-Dufour, Automatic Doors déroule une histoire à mi-chemin entre réalité et fiction vidéoludique, où les quatres membres invitent un personnage pixelisé dans le monde réel. Visuellement, on navigue entre Le Havre de Kaurismäki et Eat the Night de Poggi & Vinal. Un bel objet à la fois étrange et très bien calibré.

Les Darwin piquent notre curiosité, et la suite s’annonce très prometteuse !

Alex Van Pelt – Forever Tourist

Où est-ce que tu vas comme ça, avec ton sac sur le dos ? Tu habites ici. C’est drôle parfois, comment on peut se sentir étranger à notre propre réalité. Alors on aimerait pouvoir changer de décor, et accueillir ce sentiment, l’accepter. Heureusement pour nous, Alex Van Pelt nous offre cette semaine quelques minutes de douceur avec son dernier single Forever Tourist. On retrouve ce musicien français, guitare à la main, à l’orée de la forêt. 

« Ça tourne. » Alex Van Pelt se présente devant un paysage peint, vêtu d’un costume blanc et noir. Il repartira comme il s’y est invité, simplement et sans faire de bruit. On assiste presque à une audition, on ne voudrait surtout pas l’interrompre ni le déconcentrer. Sur une balade on reconnaît son grain de voix singulier, on se laisse porter par le calme et la sérénité du morceau. Il y a quelque chose de sincère et d’assurément sensible dans sa musique. C’est ok d’être un touriste dans sa propre ville. Plus tard on répétera ses paroles, les yeux fermés, près d’une fenêtre nous laissant entrevoir le monde du dehors. 

Miira – Cores 

Si au cœur des grandes villes, le bleu du ciel se fait parfois oublier derrière le gris du béton et des immeubles, à nous d’adopter fièrement la couleur. On découvre avec plaisir Cores (qui signifie « couleurs » en portugais), le dernier titre de Miira. Cette artiste d’origine brésilienne et résidant en France, puise son inspiration dans sa culture, pour nous faire voyager sur des morceaux entraînants et lumineux. 

Sur une boucle de quelques secondes, on aperçoit Miira vêtue d’un sublime vêtement rouge, qui accompagne son mouvement. Elle traverse un passage piéton puis marche le long de la route, une scène qui pourrait paraître ordinaire, et pourtant … Miira devient l’intrus ou le soleil dans ce tableau, que l’on guette d’un regard en hauteur. Sur une prod où elle parvient à lier des rythmes de funk aux parfums de la bossa nova, on ressent un sentiment de joie et de liberté. Une énergie qu’elle nous partage de sa voix envoûtante, et qu’on aimerait vous faire découvrir à notre tour.