Printemps de Bourges 2025 – Journal de l’autre bord

Printemps de Bourges, 49ème édition, nous voilà. La grande richesse musicale de France et de Navarre s’est retrouvée pour une semaine haute en couleurs. Retour sur nos moments forts en émotions pour cette première fois pour nous.

Mercredi 16 avril

Après avoir trouvé une place pour garer la voiture, nous nous sommes rués sur les accréditations pour aller au plus vite profiter de ce que cette nouvelle édition avait à nous offrir. Cap sur le Palais Jacques Cœur pour découvrir notre premier rendez-vous « Vers les lueurs » avec Rover, le temps d’un concert en acoustique éclairé à la bougie. Le chanteur arrive dans le public, la guitare autour du cou. Avec humour, il évoque le fait qu’il puisse faire quelques erreurs dans le noir ; « avec ma myopie, ça va devenir du jazz ». C’est dans ce bel écrin que le chanteur livre un pot-pourri de ses différents albums. Parmi les morceaux choisis, la superbe Queen of the fools. Sa voix résonne entre les murs, un moment d’une beauté rare.   

Vite, il faut courir pour découvrir une partie des Spécimens Canadiens : zouz. Un set d’une demie heure au Triangle pour convaincre la frange de public de professionnels. Un noise rock puissant qui a fait vibrer les parois de la salle éphémère. A peine sortis de scène qu’il fallait les récupérer pour échanger le temps d’une interview que vous retrouverez prochainement ici même.

La veille encore, Yoa était à l’Olympia pour un show complet. L’Auditorium de Bourges accueille la scénographie aux draps blancs de la chanteuse fraîchement sacrée par les Victoires de la musique. Elle retrouve la ville qui l’a accueillie trois ans plus tôt dans le cadre du dispositif des iNOUïS du Printemps de Bourges célébrant ses 40 ans cette année. On fond sur Là-bas quand elle se pose au piano seule pour rebondir sur Princesse du chaos, rejointe par ses danseuses voilà ce qui réveillera le public. Indécise apportera la chaleur et les sauts, la jeune femme embarque l’Auditorium en soirée techno.

Pour clore cette première journée, c’est les frères stéphanois Terrenoire qui nous accompagneront. La poésie de la fraterie Herrerias plonge le public de l’Auditorium dans une bulle douce. Vivre sobrement, God save Zinedine où se jouent les différentes voix, qui chante quoi, le mystère plane, les frères s’amusent. Alma séduit le public parfaitement attentif pour mieux l’embarquer sur Un chien sur le port livrée avec une belle générosité. Parachute et Le bon sens finissent par faire danser le premier rang. Folie approuvée que de finir sur Le fou dans la voiture. Est-ce qu’il est vraiment nécessaire de s’éclipser pour aller voir Clara Luciani ? On reste encore un peu et on verra le final de la martégale interprétant son hit La grenade.

Jeudi 17 avril

L’avantage d’être désormais sur place, c’est de pouvoir découvrir les iNOUïS du Printemps de Bourges en fin de matinée. On retiendra les prestations de la normande Louise Charbonnel qui nous a offert une prestation pure, suspendue dans l’air et celle des eat-girls qui représentaient l’Auvergne Rhône-Alpes. Lampes frontales autour du cou comme pour entretenir une part de mystère, le trio joue de son univers trip-hop vaporeux qui prend un malin plaisir à naviguer entre les sonorités et les bruits.

Nouveau rendez-vous avec les Spécimens Canadiens, une figure connue de la rédaction cette fois-ci : Virginie B. On ne vous la présente plus : une personnalité acidulée qui livre une hyperpop à son image.  

Passage au W pour aller voir une figure qualifiable de culte dans le paysage des musiques dites urbaines des années 1990 : MC Solaar. Accueilli comme une rock star par un public multigénérationnel, c’est le sourire aux lèvres et vêtu d’un ensemble en jean brut aux imprimés qui font penser à des dessins de Keith Haring qu’il entonne ses classiques indémodables, une setlist qui réunit vraiment toutes les générations : Qui sème le vent récolte le tempo, Victime de la mode, Bouge de là, Classé number one – où il montre qu’il n’a rien perdu de son flow -, Tout est vrai, Clic clic – qui résonne encore terriblement dans l’époque -, Dingue, Da Vinci Claude, Maître de cérémonie, Obsolète et Caroline. Bien dans son époque, le rappeur et son entourage ont livré une grande messe nostalgique à laquelle on a participé avec une bonne part de bonheur.

On file au 22 pour commencer le voyage dans la noirceur. Les américains de Bambara se sont donnés à fond pour un show à la tension ambiante, une montée en puissance ténébreuse comme on les aime. Dans la foulée, on a découvert l’univers de Famous. Fascinant gugus que Jack Merrett. Allure déglingo, popeux sur les bords qui a bien saisi les mouvements de Ian Curtis en se laissant inspirer par l’excentricité Bowie. On est admiratifs des allers-retours scéniques de son guitariste. On se dit qu’il faudrait se préserver pour ce qui arrive. On se pose un peu entre les deux salles, on recharge les batteries (téléphoniques uniquement) et on regarde de loin le set du dandy extravagant Ziyad Al-Samman. Tout ça pour quoi ?

Parce qu’il y a les bretons Gwendoline et qu’on ne pouvait pas ne pas y aller. Un public crevé mais bien là. Le premier rang était bien au rendez-vous. C’est le dernier concert avant de se vautrer dans les bras de Morphée. Nous, on est prêts malgré un dos quelque peu endolori. Le souvenir de la Cigale est encore frais et Dieu sait qu’il est doux. La set-liste n’a quasi pas bougé depuis : Fin du monde avec son chœur pseudo angélique introductif, Clubs, l’incontournable Chevalier Ricard, Âmes sœurs, l’imparable Conspire, Chèques vacances, Pinata, Rock 2000, le zouk Héros national, Merci la ville, le banger Audi RTT pour nous abandonner sur le son de Tonton du bled. Une fois de plus, les larmes ont coulé. Non, pas celles de la tristesse. Le duo breton a encore frappé dans notre cœur avec cette scéno karaoké. Ca sera probablement toujours comme ça, festif et profondément cynique. Ils ont relevé le défi de passer les derniers, on a gueulé ce qu’on a pu avec eux. On s’est rués sur le merch, chopé la première écharpe, recommandé l’achat des albums dans l’espoir que le public encore debout se rue dessus.

Vendredi 18 avril

Les émotions de la veille sont derrière nous. On récidive et on retourne au 22 pour découvrir les angevins Fragile, des iNOUïS. Le quintet est plongé dans le noir, on devine les silhouettes, on se surprend à apprécier l’aspect mélodique du live. Une vraie bande de copains cools, on a hâte de les retrouver en interview dans l’après-midi.

Un dernier rendez-vous avec les Spécimens Canadiens : Velours Velours. Une parenthèse country, folk enjouée, la bande qui entoure Raphaël Pépin-Tanguay promet un mélange des genres doux, véritablement apaisant.  

Pendant qu’on s’affaire au Palais d’Auron pour la soirée rock, notre photographe Romane s’active au W pour immortaliser les rappeurs. Je vous laisse en bonne compagnie de ses mots :

Une soirée pleine d’actions, sur scène comme dans la fosse : dès le début des concerts, on a vu une ribambelle de malaises, jeunes comme moins jeunes sortaient depuis le crash pour s’échapper de la foule compacte.

Côté scène on a vu des grands noms du rap défiler, avec Jok’air, O’boy, Vald et Kalash. Jok’air est un bon vivant : il aime partager avec le public, attrape les pancartes levées par la foule et vient près d’eux pour être au plus près de ceux et celles qui scandent les paroles à plein poumons.

O’boy, lui, est plus pudique. Il arrive sur scène avec un masque d’axolotl blanc et chante ses premières chansons sous une douche de lumière blanche, avant de se dévoiler et d’envoyer son énergie vers le grand chapiteau.

Puis on a vu Vald, qui a sorti son album Pandémonium très peu de temps avant sa montée sur scène au Printemps de Bourges. Rappeur conscient et très blagueur, le show est ponctué de petites interludes audacieuses complétées par les paroles tout aussi audacieuses. On adore.

Enfin, un petit mot sur Kalash, mythique rappeur au 5 millions d’auditeurs, qui a, on peut le dire, enflammer son public (littéralement, nos visages ont bien chauffé tout près des jets de flammes au devant de la scène!). Un show généreux !

Pour ceux qui sont plus intéressés par la soirée rock, le programme : Bandit Bandit, Ko Ko Mo, The Limiñanas et enfin, Last Train.

Les lives de Bandit Bandit sentent le souffre. Et bizarrement, on se complait toujours dedans. Ca s’enflamme, ça joue sur le créneau de la sensualité, c’est sympa la mise en bouche. Entre nous, on jalouse toujours autant la souplesse de Maëva. Sur la setlist on retrouve Des Fois, le banger Pyromane, Point de suture, le stoner Maux, La Montagne ou encore Toxique exit. Maëva lève sa gratte « More women on stage ». C’est dit.

Dans la série des découvertes de cette 49ème édition du Printemps de Bourges, le duo nantais Ko Ko Mo. La dégaine des gars en noir et blanc, pattes d’éph sur les jambes offre une jolie dinguerie à mi-chemin entre le glam rock et le rock psychédélique. Ca envoie sérieusement du lourd. L’endurance de Kevin Grosmolard à la batterie a de quoi vous laisser bouche bée.

Transition, transe destroy garage bien enfumée c’est les Limiñanas. Dans leur scénographie rouge, on s’enferme dans les fuzz volontiers. Six au plateau, Lionel et Marie se sont entourés de Keith Streng (Fleshtones) et Thomas Gorman (Kill The Young).

Clôture de la soirée au Palais d’Auron, c’est les alsaciens de Last Train. Quand on les voit arriver ouvrir avec Home, ok, on est prêts. On est prévenus : le concert est retransmis sur France inter, autant faire le plus de bruit possible. Sacrés il y a dix ans iNOUïS, ils comptabilisent déjà 5 passages au Printemps de Bourges. Puissant, on fond devant This is me trying Jean-Noël Scherrer s’éloigne du micro pour mieux chanter avec ses tripes. Et on reprend à l’unisson le refrain de The Big Picture.

Samedi 19 avril

Allez c’est le dernier jour, tiens le coup camarade ! Dans la grande famille des iNOUïS 2025, on aura découvert Savannah. Elle nous fera penser au titre du roman de Virginie Grimaldi ; Et que ne durent que les moments doux. Une parenthèse cocon. On n’est pas sous la couette mais c’est tout aussi doux. Au sortir du set, on s’est mis à repenser à la bande annonce du film Simple comme Sylvain qui était habillée musicalement par Beach House et son inévitable Space Song. Il y a de ça dans la musique de Savannah.

On nous a parlé d’elle, on a voulu se faire une idée : Gildaa. Diva clownesque mi-française mi-brésilienne, Gildaa est un sacré phénomène. Elle livre une prestation théâtrale, délicate et pleine d’autodérision. Elle sera saluée le soir-même par le jury des iNOUïS – présidé par Eddy de Pretto lui-même sacré en 2017 -. Elle danse, elle joue, elle rit, elle vit et nous séduit.

Il serait faux de dire que l’on fait l’impasse sur la création « Toute première fois » de Terrenoire qui célèbre les 4 x 10 ans des iNOUïS. On ne peut que vous recommander la lecture du premier journal de bord. Ca nous laisse un peu plus de temps pour se consacrer à des interviews.

Petit saut de biche au W pour croiser Joanne Radao. La franco-malgache nous apporte un peu de chaleur dans ce jour marqué par la pluie dans un élégant ensemble rouge.

Cap sur le 22 ! On prête une oreille distraite à la belge Rori. La jeune femme débarque sur la scène en mini jupe, bas résilles. Sa pop rock girly conquit son public qui connait bien ses textes. Elle, montre une véritable aisance sur scène. Petite escale pour découvrir l’univers sensible de George Ka qui célèbre son anniversaire ce même soir.

Autre belge présent ce soir que l’on attendait : Noé Preszow. Après un passage remarqué à l’Olympia, le rocker nous enchante encore dans un format festival où le public le suit encore et toujours. Le garçon est d’une grande générosité pour son public. On a beau l’avoir vu à deux reprises, on se laisse toujours prendre aux tripes par ses cris sur 27. Humain et profondément généreux, Noé Preszow conquit qui a le coeur ouvert sur son monde.

C’est Claude qui prendra la suite. Passe le cours de fitness introductif et s’enchaînent La pression, Addition, Baisodrome. Le petit gars à lunettes épaisses et moustache bien entretenue n’a rien perdu de ses notions de danse quand on voit comment il gesticule, c’est admirable !

On s’échappe pour filer au Palais d’Auron. Soirée électro ! On s’est promis d’aller voir Kompromat. Quelle ambiance ! Clubbing punk, let’s party hard ! Lunettes de soleil en intérieur hautement recommandées pour profiter de la puissance visuelle du show : lasers et stroboscopes au menu. Petit slam de Rebeka Warrior. Un set grandiose. Dans un tout autre univers, Perceval perché sur sa tour, haume sur la tête, kilt et maillot de foot à l’effigie du légendaire numéro 9 brésilien Ronaldo, balance sa techno médiévale qui enjaille la salle du Palais d’Auron. C’était sans compter sur le mexicain Mandragora qui enflammera le Palais d’Auron. C’est tout pour nous, la fatigue nous attaque.

Merci Bourges, c’était franchement une belle première rencontre, on se dit peut-être à l’année prochaine !
Comme le chante Gwendoline, merci la ville !

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