Nous étions trois de La Face B à assister à ce concert. Trois personnes ébahies, enchantées et enthousiastes. Bien que nos goûts musicaux puissent parfois être différents, nos sensibilités se sont réunies ce soir-là autour de Lucie Antunes et le collectif Scale. Un spectacle visuel et sonore détonnant, décoiffant, déroutant.
Peu après 20h, je débarque le vendredi 8 avril dans l’auditorium de la Seine Musicale avec mes deux acolytes photographes. En effet, je suis venue voir Lucie Antunes et le collectif Scale. Je n’ai presque rien écouté d’elle, si ce n’est un titre, en boucle. Totale découverte, aucune appréhension donc. A tel point que je suis ressortie de ce concert subjuguée. Et mes collègues aussi. Retour sur notre coup de cœur du festival Chorus.
Installée dans un fauteuil molletonné, je suis d’abord incroyablement surprise par le dispositif scénique circulaire déployé. Sur scène, ce n’est pas moins de 20 bras robotisés dirigés en temps réel qui font danser la lumière, couplés à des lumières LED. Les musiciens et musiciennes sont placés au centre. Le collectif Scale, associé à Lucie Antunes, crée donc ici une véritable performance, entre chorégraphie des corps et ballet de lumières.
La percussionniste et batteuse nous joue son premier album, Sergeï sorti en 2019 sur les labels CryBaby et InFiné. En véritable cheffe d’orchestre, elle dirige ses musiciens et musiciennes et navigue avec aisance de la batterie au marimba, en passant par le vibraphone.
Lucie Antunes, qui possède un impressionnant parcours académique, est une vraie passionnée de musiques électroniques. C’est pourquoi, à la limite entre musique savante et populaire, nous pouvons la retrouver batteuse pour Yuksek un jour… et en train de collaborer avec des chorégraphes, musiciens et musiciennes le lendemain ! En effet, chez elle, la musique répétitive prend corps avec des instruments que l’on peut effleurer, gratter, faire vibrer. Synthétiseurs, cloches tubulaires, métaux, percussions, ici tout existe et tout a sa place.
Crédits photos : Cédric Oberlin
Sa voix claire transporte la salle entière. Elle joue de la batterie debout, sourire aux lèvres, la mèche qui vole au gré de ses mouvements. Effusion de textures sonores, changements de rythmes, nous voilà bercés par ces airs entraînants, qui nous emmènent au bout du monde.
C’est une claque, une vraie de vraie, il faut le dire. Si bien que je reste scotchée dans mon fauteuil au premier rang. Et lorsque surgit le titre que j’ai écouté en boucle pendant des jours, alors… Il s’appelle Melody Day et c’est une reprise du groupe Caribou. Au tempo ultra rapide de l’original succède ainsi une douce berceuse, chantée par Callejas. Lumière tamisée rouge, les robots qui se déploient délicatement. Moment suspendu pendant ce concert qui valse à mille à l’heure.
Tandis que nous approchons douloureusement de la fin, un des morceaux phares retentit : LNM, sorti en 2021 au côté de Melody Day. Les musiciens inversent leur place. Ainsi, l’instrument de l’autre devient le sien et, accompagné d’un sourire non dissimulé, le son se répercute contre les parois de la salle. Tandis qu’une voix claire et douce nous emporte vers des horizons lointains, Lucie Antunes se saisit de tôle qu’elle frappe vigoureusement pour un effet métallisé délicieux, avant de la jeter à terre à la fin du morceau.
Enfin, lorsque vient le moment de saluer le public après une heure de set explosif, l’auditorium entier se lève pour les applaudir. Cela ne s’arrête plus et on en redemande tous. Alors on lance la machine une dernière fois. Et on absorbe au creux du sternum toutes ces émotions ressenties et enfouies. Hypnotisée par ces notes, par cette énergie et ce goût de douceur qui restera toute la soirée imprégnée sur le bout de la langue.
Crédits photos : Cédric Oberlin
Le temps hasardeux n’a pas permis à Lucie Antunes et le collectif Scale de se produire comme convenu en extérieur, mais l’auditorium de la Seine Musicale a su les accueillir, et nulle doute qu’ils y ont trouvé une chaleur réconfortante. De plus, la tournée continue, alors si vous ne les avez jamais vus, prenez donc vite vos places. Pour ma part, on se donne rendez-vous au festival Check’in’Party à Guéret en Août !
Vous pouvez suivre l’actualité de Lucie Antunes sur Facebook et Instagram et pour le collectif Scale c’est ici et ici. Par ailleurs, si vous souhaitez en découvrir plus sur elle, vous pouvez lire nos précédents entretiens, réalisés en 2021 et 2020, car à La Face B, on se plait à suivre nos artistes préférés.
Crédits photos: Céline Non et Cédric Oberlin.