Le chanteur belge a sorti son premier album [préchof]. Un disque intime, où les paroles évoquent des sujets d’actualité aussi forts, sensibles et personnels.
La Face B : Pourquoi avoir attendu ton deuxième album pour l’appeler [prèchof] ?
Noé Preszow : C’est pour la chanson Preszow = [prèchof] qui n’était pas finie. J’avais déjà l’idée de faire un nom d’album en phonétique mais je n’étais pas prêt pour le premier album. Je me dévoile plus dans ce nouvel album, même musicalement au niveau des guitares et du chant.
LFB : Tu abordes dans tes textes la guerre en Ukraine, l’histoire de ta famille rescapée de la Shoah, la montée de l’extrême droite… Etait-ce difficile d’aborder ces thématiques ?
N.P. : Je n’ai pas ressenti de difficultés à parler de ces sujets. Tout simplement parce que ça a jailli comme ça de ma plume et que j’ai toujours ce besoin de rester fidèle à l’inspiration.
LFB : L’actualité t’inspire ?
N.P. : C’est essentiel de laisser des traces de l’actualité dans ses albums. J’aime quand la musique, les films, les livres ou même les poèmes laissent des traces de leur époque. Et j’ai envie de rester fidèle à cette phrase de Julien Clerc : « A quoi sert une chanson si elle est désarmée ? »
LFB: Tu te verrais écrire sur le conflit au Proche-Orient ?
N.P. : J’ai toujours été extrêmement choqué et touché de ce qu’il se passe en Palestine. Je viens d’une famille juive de gauche donc j’ai été éduqué à cette histoire. J’ai des chansons sur le sujet qui datent de l’adolescence. Mais, pour sortir une chanson, j’ai besoin d’en être pleinement satisfait.
LFB : Est-ce que des chansons de l’album étaient composées avant sa sortie ?
N.P. : Oui, des éléments en tout cas. J’ai écrit les quatre premières phrases de Du manque d’amour à dix ans. C’est difficile de dater car j’ai de nombreuses chansons qui trainent dans mes tiroirs.
LFB : Tu tiens un carnet ?
N. P. : J’ai des journaux mais je ne les tiens pas avec rigueur. Comme beaucoup d’enfants ou d’adolescents, j’ai toujours eu des journaux intimes. Mes premières chansons, c’était mon journal intime que je chantais (sourire).
LFB : L’écriture à une place importance dans ton œuvre, as-tu déjà réfléchi à écrire un livre ?
N. P. : On me l’a déjà proposé. Ca m’a troublé. Si on me l’avait dit à quatorze, quinze ans, je ne l’aurais pas cru. Sur le principe, ça me plairait mais mon rêve c’était vraiment d’être chanteur et de gueuler dans un micro.
LFB : Tu collabores avec le groupe Puggy dans l’album, comment s’est faite la rencontre ?
N.P. : J’avais fait le premier album avec Romain et Ziggy de Puggy. J’aime bien boucler les boucles et retravailler, aller plus loin, avec les mêmes personnes. Je savais qu’avec Romain nous n’avions pas tout exploré.
LFB : Et pour la collaboration avec Sage (Ambroise Willaume) ?
N. P. : En amont du premier album, on avait passé quelques jours ensemble en studio. Sans aller plus loin. C’était une rencontre importante. Son grand talent, c’est de dessiner les richesses et les possibilités d’une chanson. Donc, on a collaboré sur le dernier album.
LFB : Peux-tu nous parler de la pochette de ton album ?
N.P. : Je voulais que ça réponde au premier album. La pochette de A nous a des couleurs ternes, la photo a été prise en ville. Alors que là, les couleurs sont plus vives, jaunes, et je cours en plein air.
LFB : Pourquoi ce choix de courir ?
N.P. : Ca m’a paru être une évidence de courir sur la pochette de l’album. Puis, ça rappelait l’état de course dans lequel j’ai enregistré l’album. J’avais le cœur qui battait dix fois top vite. Je suis quelqu’un de boulimique, j’ai besoin d’accumuler les choses, de courir. Si mes proches remarquent que je parle lentement, ils sont inquiets (sourire).
LFB : Est-ce que tu peux être inspiré par tes contemporains ?
N. P. : (réfléchit) Pomme, Clara Ysé, Zaho de Sagazan, Angèle et Clara Luciani pour leur manière d’évoquer de l’époque qui les entoure. Ce qui me touche le plus c’est la subtilité, dire les choses sans être nécessairement frontal, comme ce que fait Feu! Chatterton. Avoir cette capacité à mêler son regard sur le monde avec la poésie.
LFB : Penses-tu que la poésie peut changer le monde ?
N. P. : Je pense vraiment. Parce que ça change les gens et que c’est les gens qui changent le monde. Je n’ai jamais douté de la nécessité de la poésie et de la chanson. Même si c’est vrai qu’à des époques ce n’était pas évident de l’observer.
Noé Preszow sera en concert le 29 mai à Saint-Etienne, le 03 août au festival Saint-Rock et le 11 février 2025 à l’Elysée Montmartre.