Fat Dog c’est le phénomène de niche de 2024, celui qui a fait l’unanimité chez les fervents amateurs de la scène dite crank wave. Leur premier album, WOOF, et le chaos réconfortant qui en émane, en a séduit plus d’un. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette sortie que nous avons rencontré Joe Love (chant, guitare) et Chris Hughes (claviers). Retour sur cet échange.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Trois mois avant la sortie de votre premier album WOOF, comment vous sentez-vous ? (interview réalisée le 4 juin dernier, ndlr)
Chris Hughes : Plutôt bien. Ça fait du bien de le sortir de notre tête. On attend le retour du public maintenant. De manière générale, c’est une bonne chose de faite. Je suis un peu stressé, peut-être que les gens vont le détester, mais tant que ce n’est pas le cas, alors tout ira bien. Et toi, Joe ?
Joe Love : Globalement pareil. J’espère que l’album plaira, j’y ai mis beaucoup de mon temps donc ça devrait le faire.
LFB : L’image du chien est omniprésente dans votre groupe, que ce soit avec votre nom de projet, le titre de l’album ou encore le masque que votre batteur porte sur scène. Pouvez-vous me dire d’où cela vient ?
Chris : L’idée est apparue soudainement un jour. Joe n’avait pas de nom de groupe en tête quand il a commencé. Au début, notre promoteur voulait qu’on s’appelle Love Palace et a insisté sur le fait que si nous ne trouvions rien d’autre, alors ça resterait comme ça. Joe a immédiatement proposé Fat Dog et le reste a suivi ensuite. Il y a des chiens partout. Peut-être qu’un jour on pourra essayer de changer tout ça, et de séparer le nom et l’image. Peut-être, mais c’est difficile maintenant. Du moins, on essaiera, car tout le monde pense que c’est un groupe de chiens maintenant. (rires)
LFB : Votre premier single, King of the Slugs, est un morceau de sept minutes. Un morceau relativement long, ce qui est assez risqué pour une première lancée étant donné que ce n’est pas adapté au format radio. Considérez vous l’audace comme partie intégrante de votre groupe ?
Chris : Je ne dirais pas nécessairement l’audace. Je dirais juste, pourquoi ne pas tenter ? La seule façon de savoir si quelque chose va fonctionner ou non, c’est en essayant. Sinon, à quoi bon ? Tout ce que l’on fait, se fait principalement sur un coup de tête alors pourquoi pas.
LFB : Le fait d’appartenir à un label pourrait-il avoir une influence sur la façon dont votre musique évoluera à l’avenir ? Ou au contraire, élargir votre champ des possibles ?
Chris : Cela va probablement l’élargir plus qu’autre chose. C’est difficile de gérer toute cette partie promotion en indé. Je veux dire, évidemment qu’à Londres le bouche à oreille y est pour quelque chose, ainsi que les partages sur YouTube. Mais lorsque tu as un label derrière toi, il y a pas mal de personnes de l’ombre qui sont à l’origine de tout ça, qui permettent d’avoir une chronique, des concerts dans des pays où tu n’as jamais mis les pieds… De toute évidence, l’audience est tout de suite plus importante, donc oui, je pense que c’est un gros plus.
LFB : Dès le début, vous avez souhaité proposer une musique qui ne soit pas intellectualisée, mais une musique qui fait danser. Malgré cela, ne pensez-vous pas que cela fonctionne aussi dans les deux sens ? Et que cette musique dite intellectuelle, peut être aussi dansante qu’une musique qui ne l’est pas ?
Chris : Bien sûr, oui. Je pense seulement qu’à l’époque, à Londres, il y avait beaucoup de groupes que nous trouvions assez ennuyeux d’une façon ou d’une autre. Ils en faisaient un peu trop, et ça ne donnait pas envie de danser. Et je crois surtout que cette phrase était une réaction à cela.
LFB : Des groupes en particulier ?
Chris : Je ne vais pas entrer dans les détails, je ne suis pas une si mauvaise personne. Mais il y a une scène, il y a une scène…
LFB à Joe : Tu as dit que ta musique était une sorte d’effet miroir de ton esprit, mais d’une façon différente. À quoi ressemble alors ce chaos intérieur comparé à la musique que vous nous proposez aujourd’hui ?
Joe : Je ne pense pas que ce soit une histoire de chaos intérieur… Quoi qu’il en soit, ça sonnera toujours différemment de ce qu’il se passe dans ma tête, que ce soit sur papier ou sur disque.
Chris : C’est difficile de retranscrire les choses que l’on a en tête en quelque chose de concret, surtout en musique. On ne peut pas vraiment saisir la musique, littéralement. Et puis, pendant l’enregistrement d’un album, il y a pas mal de deadlines, de stress. Ça n’affecte pas vraiment la musique en soi, mais je suppose que c’est de là que provient une partie de ce dit chaos.
LFB : Fat Dog est né pendant la période du Covid, lorsque toi, Joe, faisais de la musique pour ton bien être, dans le but de protéger ta santé mentale. Quatre ans plus tard, Fat Dog est-il devenu ce à quoi tu t’attendais ?
Joe : Probablement pas, non. Je veux dire, je ne pensais pas que ça allait devenir quelque chose pour être honnête. Mais musicalement, je ne sais pas.
Chris à Joe : À quel point est-ce différent de tes attentes ?
Joe : J’ai du mal à imaginer.
Chris : Est-ce que tu t’attendais à que l’on parte en tournée promo ? (rires)
Joe : Du tout, ça c’est certain. (rires)
LFB : Quelle est ta perspective sur le long terme pour le groupe ?
Joe : (il réfléchit, ndlr)
LFB : Il y a une chose que j’ai lue et qui m’a fait sourire, où l’un d’entre vous aurait dit que vous n’aviez pas pour objectif de gagner le Mercury Prize…
Chris : Pour être tout à fait honnête, si l’on gagnait le Mercury Prize, on ferait très probablement sauter le champagne. (rires)
Joe : On le ferait, oui.
Chris : Je pense que dans dix ans, on sera tous grisonnants ou chauves.
Joe : Les deux, peut-être.
Chris : Avec un peu de chance, on aura un mode de vie sain, mais parfois c’est tellement chaotique autour de nous, qu’on aura peut-être l’air de cadavres, même si j’espère que non. On va essayer de rester en bonne santé, prendre le soleil et manger de la bonne nourriture.
Joe : Nager, aussi.
LFB : La vie en tournée est-elle fatigante ?
Joe : Elle l’est si tu la rends telle.
Chris : C’est vrai. On a compris maintenant qu’on ne pouvait pas boire tous les jours.
Joe : Il ne faut pas faire la fête tous les soirs, ne pas trop s’épuiser socialement. Si tu veux rester seul, reste seul.
Chris : Oui, il faut trouver des petits moments de paix rien qu’à soi en tournée. Au début, on passait tout notre temps libre en petit groupe et on finissait toujours au bar. On se saoulait sans modération, surtout quand on était en tournée avec Sports Team. On vivait à fond.
Chris et Joe : Vraiment à fond, bordel.
Chris : C’est différent désormais. On fait des petites balades, on prend le temps d’aller nager, pleins de trucs comme ça. Joe va nager de temps en temps.
Joe : De temps en temps, oui.
Chris : Il faut trouver des trucs qui apaisent, surtout quand on est tous les uns sur les autres aussi longtemps.
LFB : Votre tournée à venir est assez conséquente, bon courage à vous.
Chris : On va tous devenir fous, l’un de nous va finir par manger quelqu’un. (rires)
LFB : Comment avez-vous fini par travailler tous ensemble ?
Chris à Joe : C’est toi qui as tout commencé.
Joe : En effet, je connaissais certains d’entres eux, certains sont partis et d’autres sont arrivés.
Chris : Je me suis un peu incrusté.
Joe : Carrément.
Chris : J’ai menti, j’ai dit que je savais jouer d’un instrument alors que ce n’était pas le cas. Je ne sais plus comment tout ça a terminé, et je ne sais toujours pas ce que je fais ici parfois. On m’a mis à la basse pendant un moment, mais seulement pendant les répétitions car ça ne fonctionnait pas. Puis j’ai reçu un sms qui me disait « Tu veux être aux claviers ? », et j’ai dit oui.
LFB : Quels sont les points communs entre chacun de vous qui contribuent à l’existence du groupe ?
Chris : Je ne sais pas, on est tous un peu différents.
Joe : Tous différents, mais à la fois tous les mêmes.
Chris : On est tous un peu nigauds, je ne sais pas.
Joe : On pourrait tous être cousins.
Chris : Vraiment. Joe et moi serions probablement des cousins éloignés car il vient d’une ville en Suisse et moi d’une autre en Alsace, donc on est certainement de la même famille. C’est bizarre.
LFB : Que ce soit votre tournée en Angleterre, aux Etats-Unis ou encore en Europe, comment décririez-vous l’énergie ? Est-ce que cela diverge d’un pays à l’autre ?
Chris : À 100%, oui. Les Américains sont assez bons, le public français est plutôt barré de notre expérience, surtout à Paris. Ils aiment la folie, se suspendent aux poutres, se balancent dans tous les sens, c’est fou. Quant aux anglais… Ils sont assez obsessionnels. C’est un concours pour eux que d’aller à des concerts.
Joe : Ça doit être pareil en France.
Chris : Oui, peut-être, mais là-bas les gens sont vraiment très fiers d’être allés à des concerts. Je trouve ça étrange, c’est juste de la musique.
LFB : C’est un challenge pour vous que d’être confrontés à un public silencieux ?
Chris : La musique n’est pas ressentie de la même manière disons. Quand il n’y a pas de réactions de la part du public, tu te sens un peu… (il ne termine pas sa phrase)
Joe : Les réactions comptent beaucoup.
Chris : C’est très important.
Joe : Très important dans un groupe.
Chris : Pour certains groupes, ça peut ne pas compter autant que nous. Mais étant donné notre musique, si l’on ne voit pas le public danser, tu as l’impression d’avoir échoué quelque part. Ca peut être le cas parfois, et c’est pour cela qu’il existe ces festivals de professionnels où les gens de l’industrie viennent représenter des groupes. Ça peut virer au cauchemar parfois car le public est uniquement constitué de ces dites personnes. C’est assez usant.
LFB : Il y a un grand esprit de communauté pendant vos concerts. Est-ce quelque chose que vous inspire en tant qu’artiste ? Quel rôle jouent la spontanéité et l’improvisation lors de vos performances live ?
Chris : La plupart de nos improvisations sont dues à des problèmes techniques. On essaie de s’adapter dans l’immédiat. Quant à l’aspect communauté, je suppose que cela vient partiellement du fait que Joe se mêle à la foule, yeux dans les yeux. De plus, le fait que n’avions sorti aucune musique pendant un moment faisait que les gens communiquaient entre eux pour savoir où les concerts avaient lieu. Joe avait créé un petit groupe où les fans échangeaient. C’est quelque chose d’inspirant, mais je ne pense pas que cela ait un impact direct sur la musique. Ça a joué un rôle sur les titres des morceaux, où nos fans nous les suggéraient, et on finissait par prendre une de leurs idées en lisant leurs commentaires. C’était assez drôle et sympathique.
LFB : Joe a dit dans une interview que voler est une part importante de la création musicale. De quels artistes vous êtes-vous alors inspirés pour faire cet album ?
Chris à Joe : Mets les cartes sur table. (rires)
Chris : Il faut voler à tout le monde, mais mieux vaut ne pas les nommer sinon ils vont venir me chercher…
Chris : On ne peut pas les laisser empocher nos royalities. (rires)
Joe : On prend un peu à tout le monde.
Chris : Tu as dit ce truc l’autre jour par rapport à Quentin Tarantino, où si l’on souhaite réaliser un film, il suffit de regarder des films. Idem avec la musique, il faut en écouter beaucoup et essayer de créer en partant de rien. Ça marche très rarement, donc c’est bien de faire référence à beaucoup de morceaux lorsque tu composes.
Joe : Les inspirations… Quelles étaient les inspirations ? Ennio Morricone ?
Chris : Oui, des sources d’inspirations générales.
Joe : The Prodigy.
Chris : Ouais.
Joe : Scooter aussi, Fat White Family dans un sens, Viagra Boys et Sleaford Mods.
LFB : Côté production, est-ce que travailler avec James Ford vous a permis de rester fidèle à ce que vous aviez initialement en tête ?
Joe : Je crois oui. Ça sonnait bien finalement, grâce à lui. Avec ces autres collaborations, sa patte est relativement plus présente. C’était plaisant de travailler avec et d’arriver avec nos propres idées. Ça a permis de ne pas faire sonner l’album comme un énième disque de James Ford, ce qui est un bon point.
Chris : J’étais inquiet à ce sujet, oui. Mais ce fut une collaboration saine.
Joe : Exact. Cela étant, ça n’aurait pas été grave si ça sonnait comme un autre de ses albums.
Chris : Non, et ça aurait probablement été meilleur. (rires) Quand on fait partie d’un label, il y a ces deadlines auxquelles il faut se tenir. James Ford travaillait avec d’autres artistes en même temps qu’il travaillait avec nous, ce qui signifie qu’il fallait savoir être concis et confiant dans nos choix. On ne peut pas trop traîner et on doit s’atteler à une idée précise. C’est bénéfique car ça permet d’arriver au but plus rapidement.
LFB : Vous avez donc réussi à trouver un terrain d’entente ? Afin que ça ne paraisse pas surproduit ?
Joe : Le juste milieu.
Chris : Oui.
Joe : La production de l’album n’a pas été aseptisée. On a trouvé un vrai terrain d’entente, sans aucune dispute. C’est vraiment un gars adorable avec qui travailler.
Chris : Vraiment gentil.
Joe : Si j’étais à sa place, je me prendrais la tête avec moi-même, c’est certain. (rires)
LFB : Il y a une urgence dans les morceaux qui reste modérée comparé à leurs formats live. Comment as-tu réussi à te contenir lors de l’enregistrement des versions studio ?
Joe : Je ne sais pas, je faisais juste en sorte que ça sonne bien. Je crois qu’à l’époque je voulais un son précis.
Chris : On a la chance, en studio, de pouvoir faire des choses que l’on ne peut pas reproduire sur scène, simplement parce que l’on n’a pas un orchestre ou certains instruments qu’on aurait pendant un enregistrement. C’était donc l’occasion d’expérimenter avec ce genre d’éléments. Je pense que l’on a essayé de traduire notre live avec l’énergie du public même si c’est difficile de retranscrire ça en studio, entre quatre murs et une petite fenêtre. Je pense que les gens se lasseraient si notre album sonnait exactement comme nos performances live, ce serait ennuyeux pour eux. Il y a, comme tu dis, une sorte de spontanéité sur scène, mais on ne la recherche pas nécessairement sur l’album. On veut surtout avoir une chanson qui fonctionne du début à la fin, avec une qualité constante, alors que sur scène, on a la possibilité de varier tout ça. C’est un jeu différent.
LFB : Que préférez-vous entre la scène et le studio ?
Chris : Je préfère la scène.
Joe : J’aime bien les deux.
Chris : La plupart du temps, je ne suis pas en studio.
Joe : Tu ne viens pas vraiment, tu n’as pas le droit.
Chris : J’ai fait des choses horribles… (rires) J’aime beaucoup le live, la réponse est quasi instantanée de la part du public. Quand tu fais des concerts tous les soirs, ça fait du bien ce genre de réaction, c’est agréable.
LFB : Enfin, avez-vous un coup de cœur récent à partager avec nous ?
Chris : J’ai bien quelques chansons, oui. Laisse moi juste regarder ce que j’ai écouté récemment, rien ne me vient en tête dans l’immédiat.
Joe : Je lis à nouveau Slough House 5, c’est vraiment bien.
Chris : Je lis Dans la dèche à Paris et à Londres.
Joe : C’est tellement de la merde.
Chris : Non, ça ne l’est pas.
Joe : J’ai essayé de lire ce livre.
Chris : Ça ne veut pas dire que c’est de la merde, tu n’aimes pas, c’est tout.
Joe : C’est un hipster des temps modernes.
Chris : George Orwell ?
Joe : Ouais.
Chris : T’es un putain d’idiot. (rires) Bref, j’ai aimé un morceau qui s’appelle Blue Steel de Bot’Ox. Très bonne chanson, vraiment belle.
Joe : J’écoute beaucoup Home de Caribou, c’est un excellent titre.
Chris : J’ai apprécié Late Night with the Devil, c’est un bon film d’horreur.
Joe : Ma copine essaie toujours de me le faire regarder. Je vais m’y coller ce soir.
Chris : Super, cool, mec. (rires) Je veux voir La Zone d’Intérêt, je ne l’ai pas encore vu.
Joe : C’est un bon film. Est-ce que tu l’as vu ?
LFB : Oui.
Chris : C’est bien ? Ça a l’air assez sombre.
LFB : Ça l’est, d’autant plus que tout se joue dans ce qui n’est pas dit. Il y a beaucoup de silences significatifs et de plans marquants.
Joe : Ça te donne la nausée… J’aime bien Cars sinon, Cars c’est vraiment bien.
Chris : Ratatouille aussi. Je sais que c’est cliché, mais c’est génial. Change La Zone d’Intérêt contre Ratatouille. (rires)
Joe : Tu sais ce qui est vraiment bien ? Quand je suis impatient à l’idée d’aller à Paris ou en France, je regarde Les vacances de Mr Bean.
Chris : C’est un banger, un film qui a résisté à l’épreuve du temps.
Joe : Tu crois ?
Chris : Ouais.
Joe : Les vacances de Mr Bean ?
Chris : Oui, c’est génial ! Je l’avais eu avec un œuf de Pâques.
Joe : Vraiment ?
Chris : Ouais, j’avais eu le DVD quand j’étais gamin, la belle époque.
Crédit photos : Cédric Oberlin
Retrouvez notre chronique de Woof de Fat Dog par ici
ENGLISH VERSION
La Face B : Three months before releasing your first album WOOF, how do you feel ?
Chris Hughes : Pretty good. It’s nice to get it out of our brains. Kind of just awaiting seeing public opinion on it. But generally speaking, yeah, it’s nice that it’s done. A little nervous. Maybe people will hate it. But as long as they don’t, I’ll be pretty happy. How about you Joe?
Joe Love : Well, generally the same way. Hopefully people like it. Put a lot of time into it. It should be good.
LFB : The dog’s image seems to be everywhere within your band, whether it is with your name, the album’s title or even the mask your drummer wears when playing live. Can you tell me where does it come from ?
Chris : We just kind of turn up with it one day. Joe didn’t have a band name when he first started doing it. And the promoter, well, he wanted to call it Love Palace originally. Then the promoter was like, if you don’t come up with it, it’s going to be Love Palace. So Joe just on the spot said, Fat Dog. And then everything seems to have followed that, there’s dogs everywhere now. Maybe we can try to change that one day. Try to separate the name from all the imagery. Maybe. It’s hard now. But we’ll try. Because everyone thinks it’s just a joke dog band. (laughs)
LFB : King of the Slugs, your first single, is seven minutes long which is quite risky for a first try since it’s not fit for the radio. Would you say boldness is in integral part of your band ?
Chris : I wouldn’t say that it’s necessarily boldness. I’d just say like, why not just try and do it, you know? Like, the only way you find out if something is good or bad is by trying out, basically. There’s no point doing it otherwise. So I wouldn’t call it bold. A lot of it seems to be done on a whim, maybe. Just kind of like, why not?
LFB : You’re part of a major label. Do you think it could affect the way your music will develop in the future ? Or on the contrary, broaden your range of possibilities ?
Chris : I think it’d probably broaden it more than anything. It’s really hard doing any of that promotion shit when you’re just doing it on your own. I mean, obviously, in London, you’ve built up quite a big following through word of mouth and through people sharing YouTube videos. But when you have a label behind you, you have tons of people that you might never see who are working behind the scenes, getting people to review it in a country that you’ve never been to, or they’ll set up gigs in countries that you’ve not been to before. So you do immediately have a much wider audience that can see what you’re doing. So yeah, I think I’d broaden it.
LFB : From the very start, you wanted to make music that is not intellectualized but one that makes people dance. But don’t you think it can also work both ways ? And that intellectualized music can be as danceable than one that is not ?
Chris : Yeah, for sure. I think what it is, at the time, in London, there were a lot of bands that we found quite annoying in some way or another. They just did a bit much. And it wasn’t that fun to dance to. And so I think it was just a reaction to that.
LFB : Any names ?
Chris : I’m not going to go into that. I’m not making names. I’m not that much of a bad person. But, you know, there’s a scene, there’s a scene…
LFB to Joe : You said your music works as reflection of what’s happening in your mind, but in a different way. So how does the chaos in your mind look like compared to the music you offer ?
Joe : I don’t really think it was the chaos of my mind…. It’s always going to be sounding different in your head than it is actually on paper or recorded.
Chris : It’s hard to translate things in your brain into the real world. Especially with music. You can’t really touch music. And also, during the recording of the album, there’s a lot of deadlines, a lot of stress. That doesn’t really affect the music so much, but I guess that was where some of the chaos comes from, in a way.
LFB : Fat Dog was born during the Covid period, when you Joe were making music for your own to help protect your mental health. Four years since then, did Fat Dog become what you expected ?
Joe : Probably not, no. I mean, I thought we weren’t really going to do anything, to be fair. But musically, I don’t know.
Chris to Joe : How far is it from what you imagined?
Joe : I can’t imagine.
Chris : Did you expect that we’d be going on a press junket? (laughs)
Joe : I did not expect that we’d be going on a press junket, that’s one thing to be sure about. (laughs)
LFB : What’s your long term perspective as a band ?
Joe : (thinking…)
LFB : There’s one thing I read that made me laugh, where one of you said that you do not aim at winning the Mercury Prize…
Chris : To be fair, I mean, if we did win the Mercury Prize, we probably would be like, yeah, come on, let’s pop in the champagne. (laughs)
Joe : We would, yeah.
Chris : I think that in the next ten years, we’re all going to be either grey or bald.
Joe : Both, maybe.
Chris : Maybe hopefully we’ll be healthy, but sometimes there’s a lot of chaos around it and maybe we’ll just all look like corpses. Hopefully not, we’re trying to stay healthy. Catch a bit of sun, eat some good food.
Joe : Go for a swim.
LFB : Is touring life tiring?
Joe : It’s tiring if you make it tiring.
Chris : It’s true. We’ve learned now that you can’t booze every day.
Joe : Don’t cane it every night. Don’t chat too much. If you want to keep yourself to yourself, keep yourself to yourself.
Chris : Yeah, you’ve got to find the little moments of peace for yourself on tour because early on, we spent the whole time in one little group and we’d always be going to the pub. And we would always be getting very, very drunk, especially when we played with Sports Team. We were living quite hard.
Chris and Joe : Fucking hard. (laughs)
Chris : But now it’s like, you know, we go on little walks, we go on little swims and stuff. Joe goes to the swimming pool most mornings.
Joe : Some mornings, yeah.
Chris : Just, you know, do things that give you a little bit of peace when you’re all cramped together for a long period of time.
LFB : Your upcoming tour seems quite significant, best of luck to you !
Chris : We’re all going to go crazy, one of us is going to eat someone. (laughs)
LFB : Can you tell me how did you end up working all together ?
Chris to Joe : Well, I mean, you started.
Joe : I started, yeah.I knew a couple of them and then a couple of them left. And then we got some new people.
Chris : I kind of scraped myself in.
Joe : You did.
Chris : I lied. I said I could play an instrument when I couldn’t. But, yeah, I don’t really know how that ended up. I’m still not really sure what I’m doing here sometimes. Then they had me play bass for a bit, but only for like a rehearsal and that didn’t work out. Then I got a text and it was like, you want to join on keys? And I said yes.
LFB : Are there any similarities between each of you that contributed to the existence of the band ?
Chris : I don’t know, we’re all kind of different.
Joe : We’re all kind of different, but basically the same.
Chris : Yeah, we’re all just a bit like simpletons, I don’t know.
Joe : We could all be cousins.
Chris : Yeah, trust me. And me and Joe are probably all distant cousins, because he comes from a town in Switzerland and I come from a town in Alsace. So at some point we’re definitely related.It’s bizarre.
LFB : From touring to Englang, the US or even Europe, how would you describe the overall atmosphere ? Any differences from one country to another ?
Chris : Oh yeah, 100%. The US crowds were pretty good. French crowds got really crazy from our experience, especially in Paris.
Joe : We don’t talk about the music. It’s not really about the music with the French. (laughs)
Chris : French crowds just love the craziness, I swear. The craziness. You guys are hanging from the rafters, just swinging about. It’s wild. I’m trying to think of places where it’s like…
Joe : Norway.
Chris : Norway is all about the music. In Norway they just can’t stand it at all. And then English crowds… They’re really obsessive in England. It’s like a competition to go to gigs.
Joe : It must be the same in France.
Chris : Yeah, maybe, but people are very proud to have gone to gigs. It’s very strange to me, because it’s music. It’s like « yeah, but I was there ». I don’t know.
LFB : Do you find it challenging when performing in front of a quiet crowd ?
Chris : You don’t feel the music as much. When you don’t get a crowd reception, sometimes you feel a bit like…
Joe : Crowd reception is quite a big part.
Chris : Very important.
Joe : It’s a big part of being in a band.
Chris : I think for other bands it wouldn’t matter as much. But the kind of music that we’re playing… If you don’t see a crowd dancing, you feel kind of like you’re not doing your job properly. So that can be the case sometimes. That’s why there are industry festivals, where people from the music industry go to these festivals to showcase bands. Those ones can be a nightmare, because the crowd is just full of people going « what can I do with this band ? » It’s not people just enjoying it, it’s really annoying.
LFB : It seems to me that there’s a feeling of community during your concerts. Is that something that inspires you as an artist ? What role do spontaneity and improvisation play during your live shows ?
Chris : Most of the improvisation that we do happens when something’s going really wrong with technical issues or something. Trying to work with that on the spot. And then the sense of community. I guess that comes partially from the fact that Joe gets in the crowd and really goes for it. He’ll be face to face with people. So that’s pretty good. Also the fact that we didn’t have any music out for a long time just means that people were communicating with each other to find out when gigs were. He formed a little group of fans who chat to each other quite a bit.
In terms of it, it’s inspiring but I don’t think it contributes to the music so much. What it did contribute to was the names of the songs where fans were coming up. Because we hadn’t released anything, they were coming up with song titles. And we basically ended up just going with their choices from seeing their comments and stuff. So that’s kind of funny. It’s kind of nice.
LFB : Joe said in an interview that stealing is a massive part of making music. Who are the artists you stole from when making WOOF then ?
Chris to Joe : Lay it all on the table. (laughs)
Joe : Steal from everyone, that’s the point. Maybe not name them, because then they’re going to come for me…
Chris : We can’t let them take our royalties. (laughs)
Joe : I think you just take from everyone.
Chris : You said that thing the other day with Quentin Tarantino about if you want to make films, watch films. So it’s kind of like the same. If you want to make music, you have to listen to a lot of music and try to create something out of nothing. Very rarely works. So it’s kind of nice to reference a lot of songs when you’re writing songs.
Joe : Inspirations, what were the inspirations ? Ennio Morricone ?
Chris : Yeah, general inspirations.
Joe : The Prodigy.
Chris : Yeah, kind of.
Joe : Scooter also. Fat White Family might have done it. Viagra Boys and Sleaford Mods.
LFB : Regarding the production, did working with James Ford help you remaining faithful to what you had in mind ?
Joe : I think so. I think he sounded good in the end and it was him. I think with his other stuff, it’s quite heavy, his production. So it was nice to actually work with him and come into him with ideas and stuff. And it kind of made it sound like not a James Ford record, which is nice.
Chris : Yeah, I was worried at one point that it would just sound like another James Ford record. But it was a healthy collaboration.
Joe : A healthy collaboration, yeah. I mean, it’s not bad if it was another James Ford record.
Chris : No, it’d probably be better if it was. (laughs) But also, when you’re doing the label thing, you have these deadlines. And also James Ford was working with people at the same time as working with us, which meant that you have to be, I don’t know how to explain it, just direct and
certain in your decisions when you’re making them. And you can’t dawdle too much, which means that you have to commit to a vision. So that’s quite good. It helps you get over the line faster.
LFB : Did you manage to find a happy medium then ? So that it did not become too sanitised ?
Joe : The sweet spot.
Chris : Yeah, the sweet spot.
Joe : No, it didn’t become too sanitised. I think we found a nice happy medium. Didn’t have any major arguments.
Joe : He’s a very lovely guy to be with.
Chris : He’s just a sweet man.
Joe : I would definitely have an argument with me if I was in doing this album. (laughs)
LFB : There’s an emergency within your songs which remains kind of moderate compared to their live format. How did you manage to contain yourself when recording the studio versions ?
Joe : I don’t know, just trying to make it sound good. I think at the time I was thinking it’s got to sound a certain way.
Chris : You have an opportunity when you’re in the studio to kind of do things that you can’t physically do on stage just because you don’t have an orchestra or you don’t have certain other instruments that you have in a studio. So it was a chance to kind of experiment with stuff like that. I think that it was like translating, doing something live when you’ve got the kind of audience response and then going into a studio where it’s just you and like a microphone and just four walls and that one window. It’s a little bit difficult to translate that but I don’t know.
I think people would get quite bored if our studio album sounds exactly the same as what we sound like live. I think it would just be kind of dull for people. There’s that, like you were talking about, the spontaneity on stage and stuff. You don’t necessarily want that in an album. You kind of want to have a song that works from start to finish and is consistent start to finish in terms of its quality whereas on stage you can kind of, you can ebb and flow with that a bit more. So it’s a slightly different kind of game.
LFB : Being in a studio versus being on stage, what do you prefer ?
Chris : I prefer being on stage.
Joe : I like both.
Chris : I’m just not in the studio most of the time.
Joe : You don’t really come in the studio. You’re not allowed in.
Chris : I did horrible things… (laughs) I like doing the live shows. There’s just a bit more immediacy to the response. And when you do it every night, you get the response immediately and you feel good. So that’s nice.
LFB : Last but not least, do you have any book, song or movie you really loved lately and would like to share with us ?
Chris : Yeah, I’ve got some songs. Let me just check my most recent listened to. Have a little listen, one doesn’t pop to mind.
Joe : I’ve started reading Slough House 5 again. It’s pretty good.
Chris : There’s Down and Out in Paris and London.
Joe : That’s so shit.
Chris : It’s not shit.
Joe : I tried to read that.
Chris : It doesn’t mean shit. You just don’t like it.
Joe : He’s like a modern day hipster.
Chris : George Orwell ?
Joe : Yeah.
Chris : You fucking idiot. (laughs) Well, I really like a song called Blue Steel by Bot’Ox. Really good song. It’s banging. It’s really nice.
Joe : I’ve been listening to Home by Caribou, it’s a very good song.
Chris : I really liked this film, Late Night with the Devil. I thought it was a good horror film.
Joe : My girlfriend’s always trying to get me to watch that. I’m going to watch that tonight.
Chris : Nice. Cool, mate. (laughs) I want to watch Zone of Interest, I haven’t seen that.
Joe : Zone of Interest is good. Have you seen it ?
LFB : I have.
Chris : Is it good ? It seems really dark.
LFB : It is. Everything happens in what’s not said, lots of meaningful silences and impactful shots.
Joe : It makes you feel a bit sick… I like Cars, though. Cars is great.
Chris : Ratatouille is a good film. I know it’s a cliché but it is a fine film. Change Zone of Interest to Ratatouille. (laughs)
Joe : You know what’s really good ? If I’m getting excited to come to Paris or France, I’ll watch Mr. Bean’s Holiday.
Chris : That’s a banger. That film stood against the test of time as well.
Joe : It stood the test of time ?
Chris : Yeah.
Joe : Mr. Bean’s Holiday ?
Chris : Yeah. It’s fantastic. I got it with an Easter egg.
Joe : Did you ?
Chris : Yeah, the DVD when I was a kid. Fucking great, mate.
© Crédit photos : Cédric Oberlin