Les Nantais·es de Treaks viennent mettre les points sur les i.

Après ne pas avoir laissé indifférente l’audience des Inouïs du Printemps de Bourges en 2024, Treaks nous offre un premier album, Ego. Sa sortie nous a donné tant de palpitations ! Le trio nantais ne fait pas dans la demi-mesure et c’est avec un post-punk pourvu d’une franchise libératrice, de sonorités ingénieuses et religieusement incisives qu’il débarque en grandes pompes.

crédit photo Marine Bouteiller

Les outsiders.

Avec cet album, Treaks ne va pas tarder à faire pâlir les meilleurs groupes post-punk de notre temps. Influencés par les plus grands comme Idles ou encore Model/Actriz, Treaks risque bien de capter toute la lumière avec Ego !

Et cette lumière vient de Clothilde (guitare/chant), Owen (batterie) et Théophane (basse) dont l’osmose engendre ce feu ardent. Tout a commencé à Nantes et ça n’est pas étonnant : combien de groupes pépites sont déjà issus du Nord-Ouest ? Le Nord-Ouest, c’est un peu comme Bristol pour les Anglais côté post-punk non ?

Un album très engagé.

Quoiqu’il en soit, on avait hâte de vous parler de cet album qui ne mâche pas ses mots. Ego démarre au quart de tour avec Queen et laisse place à un esprit vengeur contre le patriarcat. Le duo basse/batterie diffuse de l’électricité dans l’air tandis que la guitare de Clothilde résonne tel les coups de marteau sur la table de la justice.

Against The Wall, titre dévoilé en 2023, a aussi sa place sur Ego. Ce morceau parle du lègue des parents et des traumatismes qui vont avec et qui donnent envie de se taper la tête contre les murs. Il fait écho à Blood Family qui met en avant les liens du sang qui s’imposent. Cependant, on se passerait de ces liens vu la toxicité de certaines familles. Les liens de sang ne protègent pas, ils peuvent détruire en nous rongeant de l’intérieur.

Pédagogie du consentement.

Vient aussi le méga tube de cet album, Tiny Brain, que chacun·e devrait scander. Tiny Brain est un titre fondamental, frontal et nécessaire pour lequel on avait attiré votre attention ici. Les bases du consentement, c’est la base du respect, de la décence et ça devrait être la base de la normalité. Treaks a créé un hymne dément dont les sonorités abrasives viennent en conquérantes et finissent victorieuses.

Dans la suite logique, il est question de se réapproprier son corps sur Anatomy Lesson. En effet, les regards insidieux et la fixation sur les corps des femmes ôtent notre droit d’en disposer alors qu’un corps appartient à un esprit et une âme. Il se passerait bien de sexualisation. Encore un hymne mordant et engagé pour Treaks qui a, par ailleurs, l’art de composer des morceaux d’une évidence et d’une fluidité inouïes. on danserait bien sur celui-ci toute la nuit !

Violences sexuelles.

Smiling, quant à lui, aborde les violences sexuelles telles que le viol. À travers des sonorités dont la noirceur nous amène au fond du gouffre, Smiling nous met en contact avec la détresse de la victime et le dégoût profond du monstre qui perpétue ce crime. Ce morceau nous embarque dans une tempête émotionnelle pour laquelle personne ne reste de marbre.

Puis, on aborde Obsession qui parle d’amour obsessionnel. C’est ce sentiment, admirablement retranscrit par les musiciens·nes, un peu fou et irrationnel qui fait qu’on s’oublie totalement. On s’en remet alors à une personne, on lui donne notre être en offrande pour qu’il en dispose comme bon lui semble. Comme vous le savez, ce n’est pas un amour sain, c’est juste un sentiment qui résulte de traumatismes avec lesquels il faut jongler !

Ego ferme le rideau avec ce titre éponyme qui incarne la cause de bien des maux. Ce morceau, intense, agit telle une tornade qui dévaste tout sur son passage pour une clôture d’album en bonne et due forme.

crédit photo Marine Bouteiller

Le charisme de Treaks.

Ego représente l’essence du charisme de Treaks. Tandis que Clothilde étincelle dans la nuit, Théophane et Owen font rugir basse et batterie faisant ressortir le côté sauvage et salvateur de leurs compositions. Le trio ose aborder des thématiques de société sombres à travers dix morceaux. On leur adresse des remerciements infinis pour porter la voix de toutes les femmes et dénoncer ce qui gangrène notre monde !

Plus que des outsiders, iels sont le groupe de post-punk le plus dément de la scène française actuellement. Un succès amplement mérité qui donne lieu à une belle tournée. Ne manquez pas les Release Party au Stéréolux de Nantes, salle de concerts qui les accompagne, le 25 avril prochain et à la Mécanique Ondulatoire de Paris le 14 mai !

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