ADN #981 : Velours Velours

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Velours Velours sera présent au Printemps de Bourges cette semaine. L’occasion idéale de s’intéresser à ses influences musicales.

Crédit : Camille Gladu

Marie-Pierre Arthur – Comme Avant

Velours Velours : La musique de Marie-Pierre a toujours été partie intégrante de la trame sonore de ma vie, du premier au dernier album. “Si l’aurore” est sûrement celui qui m’a le plus accompagné. Je me rappelle faire mes devoirs de maths au retour de l’école avec l’album en boucle dans les oreilles, ça me créait une genre de bulle, tellement je le connaissais par cœur, il m’aidait à garder le focus.

Cette chanson-là, comme beaucoup d’autre de MariePierre, m’a beaucoup influencé, consciemment ou non, dans ma manière d’écrire et de composer des tounes. C’est très nuancé, c’est évolutif, la forme est simple et super efficace, le texte est poignant et contraste avec la groove hyper élévatrice… pis la deuxième partie de la toune c’est un peu mon “Great gig in the sky”, criss que ça rentre.

N Nao – Aquin

Dès la première fois que j’ai vu Nao chanter en live, y’a eu un déclic. Pendant un bon moment j’me disais que je n’avais pas le goût de travailler ma voix tant que ça, je me mettais dans la tête que j’avais le goût de sonner nonchalant, j’trouvais que ça faisait artiste de pas savoir chanter mais de chanter pareil. Il y a quelque chose d’envoutant et d’extrêmement captivant dans l’aisance avec laquelle Nao s’exprime vocalement qui m’a inspiré à me laisser plus aller dans ma manière de chanter.

Aquin, j’me souviens de l’avoir écouté à Tadoussac, au top de la dune, face à la mer. C’était assez transcendant. Y’a beaucoup de ça dans la musique de Nao pour moi, ça me transcende, voilà tout. Cette toune là fait du bien autant qu’elle déchire le cœur, ça donne autant envie de vivre que de mourir. J’attends de la musique qu’elle me transperce et qu’elle me change, qu’elle me fasse vivre des émotions conflictuelles. En écoutant du N Nao j’ai tout ça, je suis complètement dans le moment présent et je laisse la musique m’amener où elle veut.

Arcade Fire – The Suburbs

Dans la Mazda 3 de mon père et ensuite dans sa Volkswagen Jetta y’avait un lecteur à 6 CDs. La rotation était assez constante mais y’en avait toujours au moins deux ou trois qui, pour une raison inconnue, ne changeaient jamais. « The Suburbs », c’était un de ces CDs là, et ça a fini par s’inscrire dans mon ADN.

Évidemment, ça me parle musicalement. Je pense qu’on peut faire certains rapprochements en écoutant mon répertoire, même si y’a beaucoup de couches, l’arrangement est assez straightforward au final. C’est encore une fois super évolutif, dès qu’on rentre dans les refrains la toune prend une autre tournure, c’est beaucoup plus ouvert, même en gardant le rythme martelant qui perdure toute la toune.

J’ai découvert le texte de la chanson assez tard, étant donné que je ne parlais pas anglais à l’époque. Sans le savoir, ça parlait d’une vie que j’ai cherchée à fuir en faisant le grand saut à Montréal. J’ai grandi à Mont-Joli et Trois-Rivières, dans des milieux semi-ruraux et en banlieue, j’ai côtoyé cette réalité-là d’ennui, de l’emprise de la routine, des rêves qui meurent dans l’œuf et de la quête de vouloir transcender sa classe sociale.

Plusieurs des chansons qui m’ont suivi toute ma vie ont fini par changer de sens à mesure que j’évolue. J’ai cette aspiration là pour mes chansons, qu’elles marquent des moments de la vie des gens qui y prêtent oreille et qu’elles les accompagnent toute leur vie.

Mon Doux Saigneur – Le Courant

Un autre disque qui est bien rentré dans la rotation de CD de la Jetta familiale, c’est le premier de Mon doux. C’est le premier album physique que j’ai acheté avec ma paye de resto, au HMV du centre d’achat à Trois-Rivières. Pour moi ado cet album là marque le début de mon autonomie sur mes découvertes musicales et la clarification de mes goûts musicaux, même de mon identité en tant qu’artiste.

J’ai découvert le projet d’Emerick quand il a fait la première partie de Klô Pelgag, en 2017 à Grand-Mère (dans le coin de Trois-Rivières). Y’est arrivé là solo avec sa guit pis son looper, un t-shirt énorme, pis y m’a jeté en bas de ma chaise. Il m’a touché par sa simplicité, autant dans la musique que dans les textes, sa manière ultra décontractée d’approcher ses chansons et son interprétation. Encore aujourd’hui, album après album, Mon doux saigneur est dans le top 3 des projets qui m’influencent le plus.

Larynx – Devinette

J’dirai jamais assez à quel point j’aime Larynx. C’est un artiste complexe et particulier, avec une vision unique des choses et un vocabulaire qui n’appartient qu’à lui, qui personnellement me touche à un autre niveau. C’est une perspective complètement différente sur ce à quoi peut ressembler une chanson d’amour (des gens et des choses) qui s’ouvre à nous quand on découvre le répertoire de Larynx. Je l’aime, il me touche et me fascine, c’est dur à décrire, voire inexplicable parfois, mais des fois faut juste profiter de ce que l’art nous fait ressentir et pas d’intellectualiser.

Découvrir Velours Velours :

Retrouvez Velours Velours sur Facebook et Instagram