Clips de la semaine #198 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 198ème sélection.

Big Special Trees

Le duo de Big Special qui nous vient tout droit de Birmingham sera un des groupes qui va cartonner en 2024. Oui, on l’affirme déjà. Les deux gaillards paraissent bruts mais cachent au fond une grande sensibilité. On pourrait les comparer à du Sleaford Mods pop. Les refrains sont en spoken words entrainés par un rythme post-punk énergique voire dansant et bascule vers un refrain qui vire à la variété.

Détonnant, non? Succulent même. Ça tombe bien, ils font la première partie du duo généré partout en Angleterre. Ils dévoilent cette semaine Trees qui donne un nouvel aperçu de leur talent qui nous pousse sans forcer à chantonner avec eux. En parallèle, la boîte à rythme apporte un rythme soutenu et renforcé par la batterie avant d’exploser complétement. Voilà un son novateur et transcendant.. 

Bloom Bat – Odd Friends

L’artiste marseillais Bloom Bat est venu réchauffer nos cœurs automnaux avec un nouveau single, nommé Odd Friends, qui est un extrait de son prochain EP Honest Weirdo à paraître en janvier prochain.

Odd Friends est cette fois une instrumentale, mettant en avant le Chillbeat exquis de Bloom Bat, vaporeux et hypnotique, dansant et inébriant. Le groove est imparable, guitare et banjo dialoguent dans un langage mélodique délicieux que les guitares d’Altin Gün doivent comprendre sans peine tandis que la basse nous régale de son groove implacable. Un titre qui donne le sourire et qui donne chaud. Il est presque impossible de ne pas viber à l’écoute de cette pépite d’à peine trois minutes. (Un goût de trop peu ? Ce n’est rien, Odd Friends se réécoute avec toujours le même plaisir.)

Le clip aussi file le smile. Filmé sur les toits de la cité phocéenne, on y admire Bloom Bat et ses amis étranges en train de danser et de groover, perchés sur les toits de la ville, face parfois à des passant.es incrédules. De quoi diffuser des good vibes qui font du bien. Réalisé par Bloom Bat et Ambre Masson, ce clip a un petit quelque chose de loufoque qui colle parfaitement au morceau, les plans ensoleillés et colorés ont l’effet d’un shot de sérotonine qui fait du bien, tout autant que ces moves de danse incroyables que nous offrent Arthur GrasseSam UltimaFantin Seguin et Bloom Bat lui-même. Parfois un petit frisson nous parcourt l’échine, et c’est difficile de vraiment savoir si cela vient de la musique ou du vertige qui nous filent certains plans, un peu des deux, un peu de tout, des frissons chaleureux qui, encore une fois, font un bien fou.

Il nous tarde alors de découvrir quelles autres pépites Bloom Bat nous a préparé dans son second EP, qui on le rappelle, sortira le mois prochain et sera sans aucun doute des meilleurs réconforts pour passer la phase la plus froide de l’hiver.

Gustav – Madame

Même avec une petite semaine de retard, on voulait vous partager la dernière pépite de Gustav.

Le duo Rennais nous a offert il y a peu un nouveau single, intitulé Madam. Un titre entraînant et hypnotique qui baigne dans l’aura palpitante de la vie nocturne, celle des clubs et de l’ivresse. Gorgé d’une nonchalance sulfureuse, ce titre nous parle de rencontres erratiques et autres déambulations alcoolisées avec une écriture habile et poétique, en français. Un je t’aime – moi non plus adressé à ces soirées où l’on s’oublie et où souvent on s’égare.

Michele de Cesare et Pierre Petroni, amis depuis leur enfance lilloise, ont trouvé la formule pour créer un groove imparable, teinté de ce petit quelque chose d’indescriptible qui fait leur son. Pierre derrière ses synthés et ses boites à rythme nous balance des instrus électroniques riches et dansantes, tandis que Michele amène sa petite touche de groove électrifié avec sa guitare, et chante, en français, pour mieux exprimer, transmettre et ressentir les émotions qu’il nous partage. Le tout est profondément inébriant et captivant.

Le duo a fait appel à Maxwell pour réaliser un clip vidéo électrisant qui met les met en scène aux côtés de Solenn Le Minous et Maxime Trucas. Un clip avec une vieille Saab 9-3 et des éclairs qui est pourvu d’une belle dynamique et parvient à souligner l’identité artistique forte de Gustav.

Madam est extrait de leur dernier EP, La Nuit, sorti en tout début d’année et rempli de pépites comme celle-ci. On vous invite à aller streamer ça fort en attendant la parution de leur quatrième EP qui est prévue pour Février prochain.

Adrianne Lenker – Ruined

Adrianne Lenker a l’art et la manière de prendre aux tripes de la façon la plus poétique qui soit. De parler d’amour crûment, sans artifices, d’exprimer des sentiments profonds de sa voix brute et par ses paroles à la fois simples et directes. Son nouveau morceau Ruined est poignant et addictif, le refrain entêtant :  “So much coming through, every hour too/ Can’t get enough of you/ You come around, I’m ruined”.

La musicienne a aussi annoncé cette semaine la sortie d’un nouvel album solo qui succédera aux excellents songs et instrumentals sortis en 2020. Si le nom et la date n’ont pas encore été dévoilés, Adrienne Lenker a d’ores et déjà annoncé des dates européennes, dont une date parisienne au Trianon le 2 mai, avec Nick Hakim en première partie. Un événement ne pas manquer !

Gaétan Nonchalant – Programme (Avec Michelle Blades)

On vous a parlé ici même de Changement De Programme, le tout premier album de Gaetan Nonchalant. Aujourd’hui nous découvrons ensemble le clip de Programme TV , titre illustrant parfaitement l’ambiance sensible et touchante du disque. Ici, Gaetan et Michelle Blades enfilent leurs costumes de présentateur TV. Petites mimiques bien senties, regard fixe et sérieux, le couple joue son rôle à fond dans un décor digne de Michel Gondry.

C’est un bricolage drôle et léger à la télébocal qui réussit parfaitement à faire passer son message. Une fois la TV éteinte, il ne reste plus qu’à sortir dehors et pourquoi pas se balader dans Les Champs de Blés en compagnie de Philippe Katerine. Mais en attendant que la météo soit plus clémente, on peut toujours aller voir Gaetan interpréter cette chanson en live au Petit Bain à Paris, mercredi 13, lors de sa release party.

Svudvde – Victoire (Ft. A2h)

C’est enfin le moment pour Svudvde de sortir son tout premier projet. Après plusieurs années de travail acharné et d’excellentes sorties, il délivre Saudade, un album de 15 titres qui représente parfaitement son univers aérien et introspectif. Entre de la soul, du two-step ou en acoustique, le rappeur voyage à travers différents styles et conquis dès la première écoute.

Il célèbre cette occasion en sortant le clip de Victoire, en feat avec A2H.

Trois excellents choristes tirés à quatre épingles, un batteur, deux guitaristes, et le charisme de Svudvde, telles sont les premières images de Victoire. On pourrait penser que le principe est simple, mais le tout est sublimé par l’excellent travail de réal de Papa Razee. Avec une imagerie en noir et blanc, la vidéo respire la classe et l’élégance et représente parfaitement la puissance du morceau. Auteur d’une excellente année, A2H la conclut à merveille avec sa participation, et prouve qu’il peut varier les styles comme personne.

Saudade est juste parfait pour découvrir le style et les approches musicales du talentueux Svudvde. Un premier album qui n’est, c’est certain à présent, absolument pas le dernier. L’attente en valait clairement la peine !

DAFLIKY – Mode On

Dafliky fait partie de cette scène lilloise qui est en train de faire grand bruit dans le rap francophone en reprenant, à sa sauce, la trap Outre-Atlantique. Une actualisation des heures dorées de ce mouvement qui aura marqué de son empreinte le rap des années 2010 et n’est absolument pas voué à disparaître.

Comme tout genre musical, la trap a aussi une esthétique visuelle qui lui colle à la peau. On la retrouve dans le dernier clip du rappeur lillois, Mode On réalisé par Kubrik Film

Sous les stores d’une maison ressemblant fort à ces traphouse américaines où la drogue est confectionnée dans une ambiance sombre, il apparaît plein d’énergie, une des marques de fabrique de sa musique. 

Son aisance et sa gestuelle affirment qu’il a trouvé le style qui lui convient le mieux et qu’il va continuer de s’y complaire dans ses prochaines sorti

LI$ON – BERLIN 

Si les précédentes sorties de son projet Weapons avait proposé une esthétique fantastique, cette fois, c’est bien dans la réalité que s’ancre le clip de Berlin. 

Réalisé par ses soins, on suit LI$ON dans les rues de la capitale germanique pour une ballade rythmée par un montage psychédélique qui se couple à merveille avec les traitements de voix appliqués sur sa voix. 

Des musées, aux stations de métro en passant par ses rues, la ville y est exploitée sous différents angles unis par l’artiste qui se fait guide le temps du visuel. 

Le côté brut et froid de la ville se fond à merveille sur la production de Mirage renforçant l’immersion dans ce voyage en Allemagne. 

Que cela soit dans des univers fictifs ou dans un écosystème bien réel, LI$ON a la capacité de faire de chacun de ses visuels une apparté onirique. 

Léo Vauclin – La Méditerranée

Si certains sont accros à C8, nous on adhère complètement à Canal 1 ! Léo Vauclin dont on vous parlait récemment dans un Format Court nous fait l’honneur de poursuivre les aventures du présentateur culte de son EP. Le voilà qui s’entiche de sa présentatrice météo.

Si vous nous avez lu, vous savez que le chanteur normand est mordu du format carré et des couleurs kitsch. On retrouve sa marque fictive Kap’s et découvre un nouveau produit de la gamme : Elixir. Séducteur lourdingue le présentateur fétiche de Canal 1 ou grand romantique ? On vous laisse visionner le clip pour vous faire votre petite idée ! 

Lunar Lock – Dark And Lively

Les angevins de Lunar Lock sont dans notre viseur. On a bien accroché avec leur EP The Dream of a Sad City dont on vous parle tout bientôt, en guise de teasing on a choisi de parler du premier objet filmique qui en est sorti ; Dark and Lively.

Sans grande surprise c’est un clip majoritairement en noir et blanc. Des images de concert s’entremêlent avec des images de paysages à dominante aquatiques. Entre deux plans, un jeune homme visiblement tracassé par l’apparition récurrente d’un souvenir amoureux douloureux. Le souvenir d’un visage qui hante l’esprit, qui contamine le moindre champ de vision.

A mi-parcours, le noir et blanc prend des couleurs, dans un rythme volontairement saccadé se juxtaposent les images de concert en rouge et du protagoniste en train de brûler une photographie, puis en train de courir. La situation désespérante est magnifiée. On adore ce rythme d’images comme une volonté de ralentir l’histoire, prendre le recul sur elle. Le chagrin prend souvent son temps pour disparaître. Dans le pire des cas, il submerge et détruit. Le réalisateur Thomas Brossier a soumis sa vision, à vous de voir ce qu’il a choisi pour son protagoniste !

Clémentine WECK – Seul.e.s

Cette intense semaine de décembre est marquée par notre rencontre avec Clémentine Weck qui vient tout juste de sortir son premier morceau, Seul.e.s. Pour faire connaissance, l’artiste lyonnaise nous touche d’emblée en plein cœur en nous chantant une ultra-moderne solitude sublimée par sa plume lumineuse et sincère.

Un joli clip réalisé par ses soins et par Pierre-Olivier Da Silva vient nous faire contempler des champs rougissants et des eaux paisibles à l’aide d’un drone agile : malgré la tempête intérieure, tout est calme et sous contrôle. Avec ce magnifique titre brillant de sensibilité, Clémentine Weck fait des débuts remarquables et laisse présager de grandes choses à venir.

molto morbidi – I’m Not There Yet

Si vous ne connaissiez pas encore molto morbidi, c’est presque chose faite ! Décollage imminent. Sur fond de musique pop et d’expérimentations électroniques, la jeune artiste française a sorti un nouveau single intitulé I’m Not There Yet

Dès les premières notes, on est plongé dans une véritable petite fiction. On apprécie les références rétro, le superbe masque de pingouin et la pub qui s’affiche sur l’écran cathodique. Le rythme, assez lent, assure le voyage, absurde et essentiel. Lunettes d’aviateur en place, on suit molto morbidi sur son départ. Même si le monde des pingouins est à deux pas, on ne quitte jamais vraiment le présent. On ressent à la fois une forme d’apaisement et de mélancolie, une désillusion du réel. 

Edouard Ferlet – Inhale

Le pianiste de jazz chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres Edouard Ferlet, revient avec un titre tout en majesté : Inhale.

La mise en scène resserrée signée Nathan Benisty et Sylvain Sechet à la photographie, dirait la solitude du musicien. Cerclé d’une barrière séparant le lieu du jeu du reste du monde, il livre sur deux pianos un live acoustique ultra percussif. Et nous de passer de l’hybridation à l’émotion pure, l’activation des touches du deuxième instrument par un double invisible laissant la mélodie bifurquer. À la submersion, fracas aux récifs de l’électro, 3’43 plus tard ; exhale.