Les clips de la semaine #231 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Qui dit première partie, annonce la seconde. Parce qu’on ne vous a pas menti, voici donc la deuxième partie de notre 231ème sélection.

Oscar Emch – Ma Voix

De la composition à l’interprétation, Oscar Emch a la main mise sur l’entièreté de son processus créatif. Ce qu’il met en avant grâce à des images d’archives qui viennent accompagner son nouveau titre intitulé Ma Voix. De ces vidéos aussi brut que le morceau qu’il livre ressortent ces journées de résidence accompagnée de ces ami.e.s musicien.ne.s où l’ébullition créative est au service de son auteur. 

Entre les sourires, les moments d’introspection, l’émulation de groupe ou encore les doutes, il en ressort un morceau puissant qui comme son titre l’indique met en avant la voix de son interprète, sublimé par un piano tout aussi angélique. Alors que la composition s’envole en s’égayant progressivement de nouveaux éléments, Oscar Emch plonge dans un récit prenant qui ne cesse d’immerger son spectateur dans son modus-operandi créateur. 

HiTech – SPANK! (ft. GDMRW)

Connu pour son rap mais aussi sa musique électronique, Detroit est une place forte de la musique américaine, si ce n’est mondiale. Les trois membres d’HiTech s’incorporent à merveille dans le paysage musical de cette ville en combinant un phrasé rap avec des ambiances électroniques bouncy. Ce qu’ils appuient en compagnie de GDMRW sur le morceau SPANK!

Amateur de décalage, ils ne manquent pas l’occasion d’agrémenter ce morceau d’un visuel rempli d’ironie réalisé par IGOBYCY. S’amusant de la frénésie de la production pour le montage, il compare le beat fiévreux à un tambourinement sur un instrument très peu conventionnel puisqu’il s’agit de fesses. Sans tomber dans le cliché du twerk comme danse sensuelle, ils arrivent à le détourner pour un effet comique assez saisissant témoignant d’un grand second degré qui pouvait se présenter à l’écoute de leurs musiques qui est pourtant à prendre avec sérieux. 

Cosmopaark – Olive Tree

Dès leur premier album : and I can’t breathe enough, sorti en janvier 2023, Cosmopaark nous dévoile une collection de morceaux d’une redoutable efficacité. Imaginez ce disque comme un bloc de marbre, solide et parfaitement stable, offrant une base nette et sans bavure qui nous transporte du début à la fin de l’écoute.

Après avoir ancré avec force ce socle imposant l’année précédente, il est temps pour lui d’être sculpté. Leur titre Pure Intention, paru en avril dernier, marquait les premiers coups de burin sur ce matériau. Cette semaine, avec la sortie de Olive Tree, la sculpture sonore se précise, et le résultat est un grand oui, sans hésitation.

C’est auprès de ce morceau que l’œuvre musicale du trio se fait plus subtile, révélant une mélancolie palpable, comme si chaque coup porté sur le marbre libérait un fragment d’histoire longtemps figé. Le groupe démontre une maîtrise de l’intime. Nous ne sommes plus simplement dans l’efficacité ; ils nous poussent à aller plus loin, à sonder les profondeurs des émotions. Olive Tree devient une sorte de catharsis collective, une invitation à explorer nos propres souvenirs et à questionner ce qui reste figé, fossilisé, en nous. La dimension introspective est puissante, mais jamais écrasante, nous ramenant constamment à cette quête de compréhension et à cette recherche de réconciliation avec le passé.

Pour notre part, c’est un morceau que nous écouterons en boucle durant les prochaines semaines, et nous vous invitons grandement à découvrir, ou redécouvrir, cette poésie que Cosmopaark vient de disposer avec grâce.

Luiza – Wadidadu

Alloooons ! Luiza nous emmène « haut là-haut » avec son dernier morceau Wadidadu. Après, sa reprise de Demain, demain, la chanteuse d’origine brésilienne revient avec sa propre composition. Un maloya écrit à plusieurs mains puisque derrière ce titre aussi solaire que son interprète, se cache le mélomane Louis Thomas (du duo Ladaniva).

Wadidadu joue avec les mots, les langues – en alternant entre l’anglais et le français – comme un amoureux pourrait jouer de nos sentiments. Le morceau avec légèreté et gaité les questionnements d’une relation : rester ? partir ? ou laisser faire le destin.. tant que cela se fait en bougeant les épaules et en regardant les nuages.

Une petite danse qu’on piquerait bien à Luiza, qui la danse dans le visualizer du morceau. Des images, réalisées par Ruby Cicero et qui devraient être accompagnées de la sortie prochaine de quatre autres petits clips.  

Few Bits – Brick Houses

Dans un univers où des murs de briques se dressent comme des gardiens brutaux du quotidien, une mélodie émerge, vibrant d’une chaleur et d’un sentiment de liberté réconfortante tout en dévoilant des couches d’incertitude. Ce nouveau titre de Few Bits nous plonge dans l’ambivalence de la sécurité et de la vulnérabilité, comme une danse entre refuge et errance.

Les sonorités aériennes nous enveloppent, créant une atmosphère propice à l’introspection. À mesure que la mélodie progresse, une tension palpable et étrangement agréable se fait sentir, culminant dans un solo de guitare électrique. Ce moment, vibrant et puissant, ne se contente pas de conclure la pièce ; il représente une véritable libération émotionnelle, rappelant que la vulnérabilité peut aussi donner naissance à une force inattendue.

Brick Houses se révèle être un passage musical apportant un joli brin de soleil en ces temps de septembre où la pluie et le ciel gris sont de retour. En célébrant la complexité de notre humanité, ce titre nous invite à écouter attentivement notre voix intérieure, laissant une empreinte durable qui résonne bien au-delà des dernières notes.

Velours Velours – Corde à linge

Dans cette pièce fleuve de 6:25 minutes (oui, oui), Raphaël Pépin-Tanguay aka Velours Velours nous présente le premier extrait de son nouvel album, Corde à linge, à sortir en janvier 2025. Pour les Français·e·s qui nous lisent, revenons sur cette expression typiquement québécoise qu’est « dormir sur la corde à linge », et qui donne tout son sens au morceau. Parce que non, il ne s’agit pas de lessive ici, même s’il y a une histoire de chandail.

« Dormir sur la corde à linge » signifie passer une nuit agitée ou une nuit blanche qui nous donne, au petit matin, l’air d’être malade ou fatigué. C’est souvent ce qui se passe quand on tombe en amour et que l’on pense toute la nuit à la personne qui nous obsède, et que cela nous bouleverse le cœur et les entrailles.

À travers ce clip aux sonorités pop, Velours Velours nous emmène dans une chasse au trésor dans les rues de Montréal, passant d’un indice à un autre pour retrouver l’être aimé. Comment ? Tu trouves que tu en as déjà fait le tour au bout de 2 minutes ? Que nenni ! Je t’invite fortement à écouter cette musique jusqu’au bout. Réalisé par Christophe Charest-Latif (Vanille, Arielle Soucy, etc.) et accompagné de Florence Labelle, le climax de Corde à linge sera la petite douceur de tes minutes d’écoute. À 3:07 minutes, tes oreilles te diront merci. Et à 4:21 minutes. Et aussi à 5:17 minutes. 

Le basculement de ce morceau lui donne une autre dimension, avec le sentiment d’en avoir deux en une. Le couplet du début repris à la fin n’a plus la même dimension, le même écho dans l’histoire. Disons que c’est une boucle bouclée mais au commencement de son histoire.

Ëda Diaz – Sábana y banano

La contrebassiste et chanteuse franco-colombienne s’entoure d’illustrateurs pour donner vie à un rêve empreint de Surréalisme. La réalisatrice Juliette Laboria à la tête de ce projet de clip animé donne des couleurs vives et saturé à Sàbana y banano. Un style qui ne serait sans rappeler celui de Maïté Grandjouan, derrière le morceau Fou à lier de Feu ! Chatterton. Ce clip colle au morceau d’Ëda Diaz qui rêve de ne plus se réveiller et de rester dans un monde imaginaire, loin de la grisaille et du brouhaha urbain. Ce morceau issu de son dernier album Suave Bruta a des couleurs, des influences de musiques cubaines, en jouant par touche avec des samples électroniques et des sons plus organiques.

Samson – Coup de foudre

Fait surprenant, Samson partage son dernier clip en format vertical. Coup de foudre joue des styles, de manière éclectique et électrique… Attention au coup de foudre ! la réalisatrice Coraline Benetti fait sauter les murs d’un format paysage, et en profite pour faire du musicien un électricien de l’amour.

Car ce morceau de Samson évoque une rencontre amoureuse en se jouant des convention, puisque le chanteur autant avec la pop, la chanson française et des clins d’œil à Christophe,  qu’avec des sons plus bruts et froids. Un coup de foudre immédiat, puisque le morceau ne dure qu’une minute.

Elecampane – On the Wall

Un dimanche nuageux, pour ne pas dire totalement déprimant, l’envie de rien.. Ou peut être de rester à l’intérieur, et danser seul qui sait. Par un simple hasard, ce matin là, la radio s’est mise à remuer frénétiquement la tête. C’est alors que nous avons découvert, un son de Elecampane. Groupe de pop, rock, expérimental, créé il y a quelques années par un trio originaire de Caen.

On the Wall, leur dernier single, est extrait d’un EP intitulé Deux. Ces morceaux ont été composés entre 2014 et 2017, puis enregistrés cette année. Le poste de radio finit par se calmer. Rien ne vacille, et pourtant, on est emporté dans une ambiance chaleureuse, réconfortante. Le son est à la fois lent et entraînant.

Mystérieuse et poétique, une animation porte le projet de Elecampane. D’abord dans la pénombre, on découvre un petit être attendrissant qui marche dans un monde qui n’existe pas encore. Il nous regarde, nous interpelle peut être. Il a un air sympathique, s’ennuie-t-il ? Comme s’il attendait quelque chose, ou bien quelqu’un, pour partager le vide de cette grande page bleue.

Xavier Polycarpe – Quand elle enlace

Ouhh yeah, tu rêves d’un câlin matinal, un ego trip revigorant, être quelqu’un d’autre le temps d’une journée et déambuler telle une star des années 90 dans les couloirs du métro. Place à Quand elle enlace, de Xavier Polycarpe !

Ce jeune musicien français nous apporte du soleil avec la sortie de ce nouveau single. Quand elle enlace est un son pop, quelque peu groovy, et qui nous rappelle les sons de l’été. Il nous parle d’histoires d’amour passées ou imaginaires. Quoi qu’il en soit l’artiste joue avec ce côté un peu cliché, décalé, mais pas inintéressant. On le découvre face caméra, protagoniste au regard ténébreux, devant un fond vert. Difficile de dater le clip. Il nous donne le rythme, marque le tempo. On suit Xavier Polycarpe le temps d’un morceau, en reprenant aisément les paroles. Si Quand elle enlace annonce la sortie d’un nouveau projet, envoyez-nous un fax, bises, La face B.

Oklou – family and friends

Alors que galore, l’album qui l’a révélée, s’apprête à fêter son quatrième anniversaire, Oklou marque son retour tant attendu en dévoilant son premier single depuis 2020, co-composé avec son compère Casey MQ. Pour ce nouveau projet, elle retourne tourner à Poitiers, sa ville natale, où on la retrouve entourée de ses ami.e.s, dont notamment Vickie Chérie.

Dans les quartiers résidentiels, la caméra tremblante et subjective de Gil Gharbi capture les errances des dernières soirées d’été, ces moments où il n’y a pas grand-chose à faire, mais où le simple fait d’être réuni suffit. À l’écran, Oklou et ses proches semblent fuir un mystère qui rôde, le tout filmé comme un vlog entre amis, renforçant cette proximité qui donne l’impression de vivre la scène.

Sur une production marquée par des marimbas et le style caractéristique d’Oklou, family and friends nous envoûte par son aura mystique et éthérée, ce qu’elle sait faire de mieux, tandis qu’elle s’interroge sur les mystères de l’existence, cherchant à saisir l’insaisissable, le tout accompagné par les voix additionnelles de Cecile Believe,Casey MQ et Zsela. On a très hâte de découvrir la suite.

Ziyad Al-Samman – Bang

Alors que nos oreilles averties le suive depuis près de deux ans (on se souvient encore de sa première partie pour Findlay à La Maroquinerie d’octobre 2022, complètement charmés de sa performance), Ziyad Al-Samman est enfin de retour et pour de bon.

Pour marquer le coup, l’artiste dévoile son nouveau single judicieusement intitulé : Bang. Avec ce titre, Ziyad nous présente un univers unique en son genre, fait d’influences disco-pop nous rappelant nos artistes préférés

Le clip tourné en 16mm, et réalisé par Katya Ganfeld, montre le britanno-syrien déambulant de la nuit jusqu’à l’aube, habité d’une folie presque incontrôlable. La faute à qui ? L’amour. L’amour nouveau, celui qui fait du bien, celui qu’on espère jamais voir s’user.

Pour les petits bretons chanceux, Ziyad Al-Samman sera présent à la 46e édition des Trans Musicales de Rennes le 4 décembre prochain. Ne le manquez absolument pas ! Vous nous remercierez plus tard.