Caballero & JeanJass enfument l’Ancienne Belgique

Le soleil fait une apparition rare sur le pavé bruxellois, un avant-goût de printemps qui trompe la ville. Mais à mesure que l’on s’approche de l’Ancienne Belgique, l’air se charge d’une autre saison. Une brume blanche, épaisse, flotte entre les silhouettes agitées. L’odeur est familière, reconnaissable entre mille. Pas besoin de chercher plus loin : ce soir, les tontons du rap belge Caballero et JeanJass sont en ville. Cinquième chapitre de High & Fines Herbes, cinquième prétexte à rallumer un feu qui ne demande qu’à s’étendre.

Crédit photos : Elise Houben

Happée par cette atmosphère vibrante et électrique, la foule, déjà nombreuse, est là pour soutenir la première partie. Le public de Bruxelles est déjà survolté, bien décidé à prouver, une fois de plus, qu’il est le plus bouillant du circuit. Et face à lui, un artiste qui ne demande qu’à en découdre.

Jungle Jack. Le Parisien n’a pas encore eu le temps de redescendre de la veille que le voilà déjà sur scène, prêt à défendre Cognacs & Cigarettes, son dernier projet intégralement façonné par JeanJass. Une opportunité en or pour glisser quelques nouveautés, mais aussi rappeler que son catalogue regorge déjà de pépites. Bras en écharpe, il tiendra toutefois la scène pendant près de 50 minutes, enchaînant les titres avec une énergie intacte.

Quand il quitte la scène, la mission semble déjà plus qu’accomplie. L’ancienne Belgique est bien échauffée. Et surtout, fin prête à accueillir ses deux compatriotes.

Moins d’une heure plus tard, les deux Belges sont déjà sur scène, avec cinq minutes d’avance (un détail que notre photographe, pris de court, n’aura pas manqué de noter). La foule rugit, et le décor se dévoile. À chaque tournée de High & Fines Herbes, Caballero et JeanJass redoublent d’inventivité pour surprendre leur public. L’an dernier, un four trônait au centre de la scène, prêt à révéler ses surprises. Cette fois, deux mains géantes s’élèvent, attirées par d’imposants bangs d’où s’échappe une fumée dense et planante. Et au milieu, fidèle au poste, Eskondo, posé dans son cendrier géant, reçoit lui aussi son ovation.

Et des surprises, il y en aura. Jouer sur leur propre sol, pour Caballero et JeanJass, ce n’est pas juste évoluer à domicile : c’est affirmer un ancrage, célébrer une scène. Très tôt dans le set, Yamê fait une apparition remarquée pour reprendre Panorama, titre envoûtant qui plonge la salle dans une première vague d’euphorie. Il ne sera que le premier d’une longue liste d’invités, chacun déclenchant une explosion dans le public.

Les visages familiers du rap belge répondent évidemment présents : Peet, Isha, Roméo Elvis. Isha, lui, ne vient pas seul. À ses côtés, Limsa d’Aulnay, toujours généreux en surprises et fidèle à son humour mordant. Ensemble, ils livrent Le Chant des cigales, offrant à la soirée un moment à la fois complice et intense.

Ils embarquent alors leur public dans un voyage à travers ce cinquième opus de leur désormais culte émission High & Fines Herbes. Un concept bien rodé où rappeurs, chefs étoilés et célébrités de tous horizons se retrouvent autour d’un même fil rouge : la consommation de plantes aromatisées. Une nouvelle saison, donc, et des recettes toujours plus alléchantes, au plus grand plaisir des deux tontons du rap belge.

Mais ce soir, la cuisine ne se limite pas aux fourneaux. Face à un public qui connaît ses classiques et reprend chaque refrain en chœur, Caballero et JeanJass décident de lui offrir ce qu’il attend. TMTC, Sur Mon Nom, Repeat… Les premières notes suffisent à embraser la salle, et les deux complices font exploser la scène, portés par une foule bouillante.

Inévitablement, ce serait sans saveur si Caba & JJ se refusaient un bon gros trait d’humour, un brin potache, mais ô combien efficace. Entre deux morceaux, ces petites scénettes, parfois un peu poussées, contribuent pourtant à créer une atmosphère unique, teintée de cette ambiance bien à la sauce belge. Le point d’orgue arrive dès les premières minutes, lorsque Caballero, un brin jaloux des grandes stars et de leurs « rouleurs d’épice », déclenche une compétition impromptue. Sans tarder, Noah et Mathis sont désignés parmi le public, et les deux rappeurs se transforment en coachs et commentateurs, amplifiant les rires qui se propagent dans la salle.

En guise de pause, les deux rappeurs se partagent la scène, chacun défendant quelques morceaux de son projet solo. Environ quinze minutes chacun leur permettent d’établir une communion plus intime avec un public déjà aguerri aux performances en duo, révélant ainsi une facette personnelle aussi captivante que leur collaboration.

Et comme cerise sur le gâteau, ils offrent un dernier cadeau à leur public. Ils proposent une version live de leur fameux GRÜNT, sublimée par une scénographie impeccable, ainsi que leur COLORS, entonné comme un hymne que même les plus anciens connaissent par cœur. Au final, ces deux tontons du rap belge ne font que confirmer leur réputation : ils illuminent la scène avec l’assurance d’un joint spécial High & Fines Herbes parfaitement roulé, délivrant une énergie authentique et explosive.

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