Laurie Xhaard enlace les ombres

Avant tout, Laurie Xhaard est une rencontre humaine que nous avons faite, il y a maintenant quelques mois. Nous l’avons ensuite vue en concert au Pop Up du Label. Jusqu’ici, elle évoluait avec un projet solo baptisé Bel Ombre, nettement plus électronique. Elle n’avait pas encore sorti d’objet en son nom propre. Initialement prévu pour le printemps, c’est finalement en novembre dernier qu’est arrivé son doux premier album J’ai dansé avec les ombres. Nous vous en parlons aujourd’hui. Réalisé en étroite collaboration avec Colin Russeil qui œuvre notamment aux côtés de Radio Elvis et Etienne Daho, l’album s’est paré des plus belles couleurs d’automne et explore l’humain dans sa complexité.  

J’ai dansé avec les ombres s’ouvre sur la chanson qui donne son nom à l’album. Un titre refuge, intime où Laurie Xhaard explore les conflits intérieurs. Des ombres comme des recoins sombres de l’âme qu’on ne s’avoue pas forcément. Danse avec moi comme un appel de l’ombre à l’âme pour mieux l’apprivoiser. Un morceau à la rythmique minimaliste mais parfaitement touchant.

Sensible, Les sables mouvants interroge la relation à l’autre, les attentes vis-à-vis de l’altérité pour qui l’on s’efface. Une ambiance réconfortante s’installe tout au long du morceau comme pour progressivement sortir de cette situation, se raccrocher à la terre ferme.

Comme une petite comptine, presque hivernale par son introduction où les sonorités font penser à des flocons qui tombent tout en douceur, Quand on les regarde dont on vous parlait il y a quelques semaines, évoque la carapace que l’on se construit toute sa vie dans l’unique but de se préserver.

Laurie Xhaard reprend la guitare pour un morceau presque teinté folk : L’Aventurière. Un texte prônant une égalité homme-femme, la volonté d’être traitée d’égal à égal, invitant à la liberté de disposer de son corps. Sans grands effets pompeux, Laurie Xhaard livre son message.

Sans doute la chanson la plus poignante de l’album, Est-ce qu’on se ressemble évoque une sororité invisible. Laurie Xhaard lui confère un peu plus d’épaisseur dans son orchestration.

Dans La vie des gens la chanteuse explore des terrains un peu plus pop, où un synthé ponctue son phrasé doux. Une chanson qui parle d’une histoire passée – une histoire de page tournée -, de la vie qui suit son cours à travers les réseaux sociaux. Une mélodie où la mélancolie est bien affirmée.

Dédiée à son fils, Bleu Acier est une balade où l’interprète livre son amour inconditionnel, celui d’une mère. C’est un morceau où l’on retrouve tout l’aspect authentique de Laurie Xhaard : transmettre en toute sobriété en se tournant vers l’avenir.

Marguerite pour Marguerite Duras. L’autrice de La vie matérielle a fortement inspirée la chanteuse. Indépendante, solitaire, combattante, courageuse, Laurie Xhaard trouve en elle celle qu’elle caractérise comme l’aventurière. La chanson elle-même nous rappelle les sonorités des années 1980 avec leurs synthés appuyés.

Rien ne bouge évoque l’idée d’aller de l’avant. Dans sa mélodie, Rien de bouge a quelque chose de plus nostalgique. La guitare est toujours bien présente.

La conclusion s’appelle Il n’y avait ni vie ni mort. Musicalement plus sinueuse, elle laisse place à des synthés plus stridents qu’on penserait qu’un thérémine s’est invité dans les instruments. Le morceau s’achève en faisant revenir les sautillements des synthés 80s laissés sur Marguerite.

Pour ce premier album, Laurie Xhaard signe une œuvre qui touche à des thèmes profondément humains, on ressent bien sa sensibilité dans son phrasé doux. Laurie Xhaard s’attache à produire une œuvre poétique en accordant une grande place au choix des formules. Son premier album est tourné vers l’introspection, une auscultation intérieure pour mieux appréhender le dehors. On le vit comme une couverture avec laquelle on se couvre pour se réchauffer et repartir vers l’avant.

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