Lambrini Girls – Who Let The Dogs Out

Le duo de Brighton le plus cinglant arrive tel une gifle furtive dans nos petites trombines. Les Lambrini Girls sortent enfin leur premier album Who Let The Dogs Out via City Slang. Ça s’annonce bien sanglant, sans demi-mesure et surtout sans demi-mot.

Un album reflet de la société.

Un Ep en 2023 plus tard, Phoebe Lunny, Lilly Macieira et leur musicienne Banksy à la batterie ont décidé de mettre les bouchées doubles et d’exploiter ce qu’elles savent faire le mieux : défoncer les vices de cette société à coups de punchlines bien acérées sur des riffs ravageurs et ravagés.

Le monde de l’entreprise en prend pour son grade.

Tout d’abord, pleine balle, les consoeurs nous ont balancé Company Culture. Ce morceau permet de mettre un petit uppercut au monde toxique des grandes entreprises, toujours avec un humour frontal qu’on adore. « On vous voit les PDG conservateurs blancs d’âge moyen très attachés à la domination patriarcale à la tête de grandes firmes, voilà ce qui résume bien ce titre ». Terminé les tabous, les Lambrini Girls posent cartes sur table, comme à leur habitude.

Puis, elles ont proposé Big Dick Energy, une façon de se moquer de ces masculinités toxiques qui croient toujours avoir la plus grosse paire, prétentieux et prêts à tout écraser. Qui plus est, ce sont les rois du harcèlement. Les Lambrini Girls brisent ici les préjugés, cassent les codes, bannissent et condamnent définitivement ce genre de comportements totalement ineptes.

L’amour, le faux.

Enfin, Love nous a laissé aux portes de l’album le 19 novembre dernier. Dans ce morceau, le duo de Brighton met en garde sur l’amour véritable, l’amour vrai. En effet, force est de constater que la frontière entre un amour sain et un amour “poison” est mince. Même si la distinction paraît évidente, l’amalgame est récurrent.

L’amour poison – pléonasme en quelque sorte – c’est celui qui enlise, qui tire vers le bas petit à petit, qui détruit sans qu’on s’en rende réellement compte. L’amour véritable donne un sentiment de sécurité et de bien-être constant, où chaque individu peut être soi-même et s’épanouir. Difficile de faire preuve de clairvoyance alors et c’est ce que mettent en évidence Phoebe et Lilly ici.

Un démarrage en trombe sur fond d’altercation policière.

Who Let The Dogs Out démarre avec un autre titre, Bad Apple. Ce sont les sirènes des voitures de police qui donnent l’alerte accompagnées de riffs bien pointus. Ambiance bien dirty côté instrumental, les Lambrini Girls en imposent déjà dès le premier souffle de l’opus. “Officer, what seems to be the problem ?” est la rengaine qui s’installe dans ce titre plein de rage à destination d’un fait de société récurrent : les violences policières.

Les girlz s’attaquent à présent à l’homophobie dans un titre qui sort du lot, avec une facette bien garage (comme le sera, spoiler alert, quasiment tout l’album) : il s’agit de No Homo. On y entend même un solo de guitare plutôt inhabituel pour le groupe. Phoebe aborde surtout le fait qu’on se voile vite la face même si les faits sont là, que faire son coming-out n’est pas chose aisée. Aussi, dire ouvertement qu’on est gay sonnerait presque comme un gros mot parfois aux yeux de la société alors que finalement, pourquoi ne pas être qui nous sommes vraiment ?

Les Lambrini Girls clament ici haut et très très fort qu’elles font ce qu’elles veulent et qu’elles se fichent pas mal de leurs détracteurs. À celles·eux qui n’acceptent pas qu’on puisse être qui on veut et qu’on puisse aimer qui on souhaite, Phoebe et Lilly leur font un beau doigt !

La maladie détruit.

Ensuite vient Nothing Tastes As Good As It Feels qui s’inscrit naturellement dans la continuité du titre précédent. En effet, les deux morceaux sont proches sur le fond. Quant à la forme, ils diffèrent puisque le thème abordé se rapporte aux injonctions des corps. La société adore les préjugés et les normes sociales.

Les Lambrini Girls insultent de manière totalement juste tous ceux qui feraient émerger une once de culpabilité en chacun de nous concernant notre rapport à notre propre corps :“basterds”. Et clairement, le propos s’enfonce viscéralement dans la maladie mentale à travers l’anorexie, un sujet dont on se doit de parler.

crédit photo Cédric Oberlin

À la suite, You’re Not From Around Here qui représente un titre coup de cœur. Les Lambrini Girls mettent cartes sur table en traitant le sujet du logement et des quartiers qui s’enrichissent, ne permettant plus de loger ceux qui sont les moins avantagés.

Qui a le droit de dire que vous n’êtes pas chez vous ? Qui a le droit de vous chasser car vous n’êtes pas de la même sphère sociale ? Les inégalités deviennent de plus en plus lourdes et l’écart se creuse entre les différentes catégories sociales. Phoebe et Lilly mettent les points sur les “i” et dénoncent ces manquements qui ne vont que dans le sens des personnes les plus aisées.

Deux super héros pour parler de notre société.

La façon dont elles incarnent les maux de cette société est plutôt saisissante. Elles prennent la place de ces maux pour mieux les personnifier et les incarner.

Après un interlude de 17 secondes à peine dont le titre Scarcity Is Fake (Communist Propaganda) se veut clairement évocateur, Filthy Rich Nepo Baby prend le relais. Les Lambrini Girls y évoquent les “fils et filles de”, toutes ces personnes qui profitent de la notoriété de leurs familles ou proches à des fins misérables. Celles-ci ont déjà tout qui leur est servi sur un plateau d’argent et ne connaissent pas par conséquent la vraie vie ou devrait-on dire la réalité de ce monde.

On revient sur des mélodies plus incisives et tapageuses avec Special, Different.

Salopologie.

Who Let The Dogs Out s’achèvent avec Cuntology 101, une envolée électro pour un refrain scandé à la manière du cliché des pompoms girls dans un stade de foot. C’est d’ailleurs là toute l’ironie souhaitée. En outre, on s’aventure à dire que l’appellation du morceau semble être un mix d’apologie et de “cunt”, terme anglais qui signifie tout bonnement “salope”. Apologie de la vie de salope en somme, décomplexé, cynique et provocateur, ce titre invite à embrasser notre être profond et à ne pas tenir compte du jugement des autres.

crédit photo Cédric Oberlin

Lâcher les chiens.

Ce premier album – Who Let The Dogs Out – représente cette vie de lâcher-prise. Les Lambrini Girls ont lâché les chiens et n’ont pas fini d’aboyer pour notre plus grand plaisir ! Bien qu’elles auraient pu aller encore plus loin dans les thèmes de société abordés, cet opus leur permet de s’installer encore plus confortablement sur le devant de la scène punk anglaise.

Enfin, leur réputation n’est désormais plus à faire et on va les côtoyer assurément de façon régulière. On espère que vous êtes habitués à l’honnêteté et à la confrontation car elles ne sont pas prêtes de nous lâcher ! Un tel franc-parler fait tellement de bien dans cette société malade ! On peut vraiment compter sur elles comme un soutien indéfectible !

Les Lambrini Girls sont à retrouver à La Maroquinerie le 27 février, en espérant que vous avez été prévoyants·es car c’est déjà complet ! Des rattrapages sont possibles à l’Aéronef de Lille le 25 février ou encore au 106 à Rouen le 21 mars ! Be there ! On vous a déjà dévoilé des photos live du duo à retrouver ici !

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