Les clips de la semaine #255 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Le retour du printemps, c’est bien. Le retour du printemps avec des chouettes clips à regarder, c’est encore mieux ! Voici donc notre 255e sélection, à savourer en terrasse, au parc mais surtout sous le soleil.

Viagra Boys – The Bog Body

Nos suédois préférés nous font languir la sortie de leur prochain album intitulé Viagr Aboys. Prévu pour le 25 avril, cette sortie coïncidera avec leur concert au Zénith de Paris La Villette. Par chance, ils nous gâtent de titres et de clips tous plus fucked up les uns que les autres. 

Après Man Made Of Meat et Uno II, voici The Bog Body. The Bog Body, c’est encore une fois une ôde à l’absurdité à laquelle le groupe nous a montré maintes fois son attachement. 

La thématique du cliché des films de zombie est mise en exergue.Une femme morte-vivante investit un bar et s’empare de l’espace où son corps s’adonne à une danse fiévreuse. Et là, coup de foudre pour Sebastian Murphy qui fait de cette femme sa muse.

Cette muse est l’expression ultime de la décrépitude. On vit dans un monde en transition, tiraillé entre la vie et la mort. Dans ce clip, la mort prend l’ascendant puisque la femme zombie prend la place de Sebastian Murphy dans son groupe Viagra Boys et rencontre un succès inouï. 

The Bog Body se clôt sur une mise en abîme et rappelle que rien n’est éternel. 

On se voit au Zénith le 25 avril ?

Knives – PHD

Knives, c’est un énième groupe masterpiece de cette fougueuse scène de Bristol. Avec une énergie débordante, ils font trembler les scènes et la qualité de leurs prestations est incomparable. 

Avec un premier album, Glitter, ils vont continuer de surfer sur la scène post-punk dès le 2 mai et enchaîner une tournée en France dès le mois prochain.

Après la claque du titre précédemment dévoilé The Dagger, on ne les arrête plus ! Le groupe sort ainsi PHD, un manifeste en faveur des artistes. 

L’industrie musicale n’est pas toujours tendre avec les musiciens·nes. Le parcours d’un groupe ou d’un artiste, c’est un peu le parcours du combattant. Il faut toujours prouver une sorte de supériorité par rapport aux autres, il faut toujours déployer des efforts immenses qui ne paieront pas toujours. 

Les acteurs·trices des musiques actuelles peuvent être arrogants·es, dévaluer les artistes, voire les décourager tant les rouages sont complexes et exigeants. Knives tire la sonnette d’alarme et nous rappelle qu’on est tous des êtres humains et que certaines pratiques sont toxiques.

On les remercie d’avoir abordé ce sujet sensible trop souvent tu. Rendez-vous dès le 16 avril au Stéréolux de Nantes pour les retrouver !

Julien Baker & TORRES – « Dirt« 

« Dirt » est le tout dernier single extrait de Send A Prayer My Way, l’album collaboratif de Julien Baker et TORRES, attendu le 18 avril 2025 chez Matador Records. Ce morceau succède à Tuesday, Sylvia et Sugar in the Tank, dévoilés progressivement depuis fin 2024. Avec une instrumentation soignée et une alchimie vocale remarquable entre Baker et TORRES, Dirt s’inscrit comme un nouvel aperçu du projet à venir.

Mais de quoi parle Dirt ? La chanson explore les cycles d’autodestruction, la dépendance et la quête obsessionnelle d’un idéal inatteignable—qu’il s’agisse de rédemption, de sobriété ou d’un apaisement émotionnel. Les paroles dressent le portrait d’une relation aussi intense que toxique, marquée par la frustration, l’incompréhension et l’auto-sabotage. L’image centrale de la chanson, « wind up in the dirt », incarne cette lutte incessante : tenter de se purifier, d’échapper à ses démons, pour finalement retomber dans les mêmes travers. Dirt est une méditation sur la dualité entre violence et espoir, où chaque protagoniste oscille entre le rôle de victime et de bourreau, tant pour soi-même que pour l’autre. La collaboration entre Baker et TORRES insuffle une vulnérabilité brute et une intensité poignante, renforçant la profondeur émotionnelle du titre.

Le ton de Dirt est résolument mélancolique et introspectif, empreint d’une résignation face aux schémas destructeurs qui se répètent. À travers des paroles chargées de douleur et de frustration, la chanson traduit une lutte intérieure constante entre espoir et fatalité, où chaque tentative de rédemption semble vouée à l’échec. Les voix entremêlées de Baker et TORRES, à la fois fragiles et puissantes, renforcent la désillusion tout en laissant poindre un espoir désespéré, soutenues par une instrumentation minimaliste et hypnotique.

Le clip officiel de Dirt, une animation réalisée par Scottie Harvey, a été dévoilé le 26 mars 2025. Il accompagne la sortie du single avec une mise en scène visuelle symbolique. Dans ce paysage nocturne où des animaux anthropomorphes évoluent sous un ciel étoilé, un chien cowboy—personnage central—fait griller une guimauve au coin du feu, tandis qu’un tumbleweed roule doucement dans l’immensité du désert. Cette imagerie, à la fois contemplative et légèrement mélancolique, reflète l’errance et la solitude exprimées dans la chanson.

En somme, Dirt illustre brillamment la fusion des styles de Julien Baker et TORRES, entre influences country et introspection douloureuse. À travers un ton à la fois résigné et désabusé, le morceau traduit une profonde désillusion, tout en capturant avec justesse l’éternelle oscillation entre chute et rédemption.

Grand Camino – Los Monegros

Grand Camino est un groupe originaire de Nancy, puisant ses influences dans la musique folk-rock et l’americana. Leur univers musical raconte des histoires de voyages, de rencontres et d’expériences personnelles, mêlant émotions et introspection. Leur chanson « Los Monegros » illustre parfaitement cette approche narrative en évoquant le désert espagnol éponyme. Ce morceau est extrait de leur premier album, « Wildflowers », dont la sortie est prévue pour le 11 avril 2025. L’album invite l’auditeur à explorer des paysages sonores vastes et mélodiques, offrant une expérience immersive et cinématographique.

« Los Monegros » est une ode au désert aride du même nom, qui devient le décor d’un voyage initiatique. Les paroles décrivent une errance sous un soleil écrasant, dans un paysage désertique où le temps semble suspendu. L’opposition entre la rudesse de cet environnement et la force transcendante de l’amour (« El amor más que todo ») renforce le caractère introspectif du titre. À travers des images évocatrices (« Con arena en el pelo, bailamos en los Monegros »), la chanson célèbre la liberté et le lâcher-prise, illustrant un parcours où l’isolement devient une forme de révélation. Le refrain répétitif (« Es nuestro destino, el gran camino ») suggère que ce périple est autant physique que spirituel, soulignant l’idée d’un destin en perpétuel mouvement.

Musicalement, « Los Monegros » s’inscrit dans un style folk-rock psychédélique aux influences americana. Le morceau allie des guitares réverbérées et des rythmes lents, rappelant le desert rock, un genre inspiré des vastes espaces et popularisé par des groupes comme Calexico ou Tinariwen. L’ambiance hypnotique et contemplative du titre renforce son aspect narratif, en créant une atmosphère propice à l’évasion et à l’introspection. Avec son mélange de folk épuré, de rock atmosphérique et de touches psychédéliques, la chanson s’inscrit dans une tradition musicale où le voyage devient une métaphore de la quête de soi.

Le clip de « Los Monegros », dévoilé le 26 mars 2025, a été réalisé par Kévin Froly dans le désert espagnol du même nom et produit par Grand Camino. Visuellement, la vidéo accompagne et renforce l’univers aride et introspectif de la chanson. Alternant entre des plans larges sur le paysage désertique et des plans serrés sur les membres du groupe, le clip suit un road trip en voiture à travers Los Monegros. On les voit ensuite marcher main dans la main à travers ces terres arides, leurs ombres se projetant sur le sable et dans les villages environnants. La fin du clip, volontairement floue, les montre en mouvement, courant ensemble, comme s’ils poursuivaient un destin insaisissable. L’ensemble du visuel retranscrit avec justesse l’atmosphère du désert, amplifiée par la mélodie et les voix envoûtantes de Grand Camino.

Late Night Drive Home – « terabyte »

Late Night Drive revient avec leur dernier single, « Terabyte », sorti en mars 2025 et premier extrait de leur prochain album, As I Watch My Life Online, qui sortira le 27 juin 2025 sous le label Epitaph Records, avec la bannière ANTI-. Ce disque, composé de 13 titres, offre une chronique poignante d’une adolescence coincée entre écrans et réalité, capturant la confusion entre l’illusion du numérique et la texture du réel.  

  « Surexposés, surstimulés, désensibilisés à ce qui est vrai ou fabriqué, nous sommes devenus insensibles aux choses simples », confie Andre Portillo, le leader du groupe. As I Watch My Life Online explore la dépendance aux interactions virtuelles et la quête constante de validation et de connexion dans un monde numérique. Selon Portillo, « Ce besoin constant de plus de toi est devenu une boîte de Pandore à l’ère moderne. Tu m’as fait. Tu m’as détruit. Parfois, je me demande pourquoi je ne peux pas vivre sans toi. »

Le single « Terabyte » traite de l’impact du numérique sur l’intimité, la perception de soi et les relations dans une société piegée dans la virtualité. Les paroles reflètent sans détour cette dépendance émotionnelle et l’isolement qui en découle. Dès les premiers vers, « As I watch my life online / I think it’s a sign of the times », le narrateur constate la déconnexion croissante entre sa réalité et celle du monde numérique. Cette déconnexion s’intensifie au fur et à mesure qu’il cherche désespérément quelqu’un à qui se confier, mais se retrouve piégé dans un cycle de solitude et d’addiction (« I was trying hard to find / Someone who I could confide in »). L’amour y est décrit comme une drogue, une quête insatiable qui ne mène qu’à l’épuisement (« Loving is a drug / It’s so hard to get enough »). On aborde aussi le rapport a la pornographie et de l’obsession numérique avec des paroles qui décrivent l’impact de ces pratiques sur la perception des relations réelles. Entre attrait et rejet que cette addiction engendre, entre culpabilité et besoin compulsif, le narrateur s’interroge sur la ligne floue entre le désir virtuel et la réalité.  

Musicalement, late night drive home mélange habilement les sonorités des années 80 avec une touche moderne, fusionnant synthpop, new wave et rock indépendant. Leur son énergique aux rythmes entraînants évoque une ambiance rétro et une atmosphère à la fois nostalgique et actuelle, parfaitement en phase avec les thèmes introspectifs explorés dans leurs morceaux. « Terabyte » se distingue par une instrumentation captivante, démarrant sur du synthé entêtant accompagné d’une basse légère, de glitches électroniques et de riffs de guitare soulful. Ce contraste entre l’ambiance ludique, l’envie de danser et les paroles sombres exprime la faim insatiable d’expériences réelles et la quête de connexions authentiques.

Le clip de « Terabyte », réalisé par Harley Astorga, nous plonge visuellement dans ces mêmes thématiques, amplifiant le message de la chanson. Dans un décor clos où André Portillo évolue seul, entouré d’autres protagonistes comme une danseuse étoile et des élèves dessinant, la pièce devient progressivement plus encombrée, instaurant un sentiment de claustrophobie qui reflète le flux incessant d’informations auquel nous sommes confrontés quotidiennement. Le dernier tiers du clip, plongé dans l’obscurité et illuminé par un rétroprojecteur projetant des marionnettes, intensifie cette atmosphère oppressante et montre une vision métaphorique du contrôle numérique et de l’emprisonnement dans une illusion virtuelle.

« Terabyte » de Late Night Drive Home se dresse ainsi comme une réflexion poignante sur l’addiction au numérique et la quête désespérée de véritables connexions dans un monde où la réalité, les relations humaines et l’identité personnelle semblent se diluer progressivement dans l’artifice et la fiction.

CMAT – Running/Planning

Alerte banger ! Ciara Mary-Alice Thompson alias CMAT dévoile (déjà) Running/Planning, le premier extrait de 3e album Euro-Country annoncé le 29 août 2025. L’attente va être longue, tant cet énorme Running/Planning nous a conquis.

Avec humour, auto-dérision et ironie, la flamboyante irlandaise nous propose un titre résolument féministe. Dans Running/Planning, CMAT dénonce la pression sociétale que les femmes subissent au travers des comportements attendus d’une good girl et les étapes imposées d’un chemin tout tracé.

Niveau musical, on est toujours dans l’univers pop rock aux accents de country irlandaise développé par l’artiste. Le rythme ralenti et la voix lascive de CMAT au début du morceau évoquent Morcheeba, avant de monter en puissance pour finir avec une explosion un peu à la Florence & The Machine. La voix de CMAT prend toute son ampleur pour notre plus grand plaisir. Frissons garantis !

Le clip imaginé par Eilis Doherty nous plonge dans les coulisses du lancement d’une boutique de sous-vêtements et accessoires féminins. CMAT y campe une patronne glamour. D’abord mal à l’aise et gauche, CMAT réussit à inverser la vapeur et à prendre le pouvoir. Une belle métaphore pour un clip savoureux, subtil et drôle qu’on recommande chaudement !

elie zoé – change my name

L’automne dernier l’artiste suisse était encore connu sous le prénom d’Emilie. Le voici désormais sous le nom d’elie zoé. Premier extrait de son nouvel album shifting forms à venir cet automne chez son label historique Humus records, change my name annonce la couleur.

La quête identitaire est un long chemin où il faut faire preuve d’endurance. C’est en optant pour un clip où le chanteur court dans les montagnes suisses que l’on imagine autant mentalement que physiquement l’épreuve. Rien de particulièrement plat, un parcours semé d’embûches – ou juste de bûches – et un peu de dénivelé.

Et tout cela se traduit également dans la musicalité limite grungy de ce morceau où s’alternent respirations, distorsions et quasi saturations pour offrir à mi-parcours une accalmie où un chœur s’invite pour plus de légèreté. Change my name sonne comme la métaphore de toute une vie à la recherche de soi-même. On se laisse porter par les émotions et ça donne des frissons, on vibre à l’unisson !

Disiz – Try Try Try (COLORS)

Il est peu dire que l’on s’est laissés agréablement surprendre. Disiz est passé dans les studios chocolatés de Colors pour interpréter ce nouveau single destiné à sa mère disparue : Try Try Try. Un titre d’une grande et belle sensibilité dans un écrin d’une sobriété classe. Seul perché sur un tabouret haut, le chanteur culte des années 2000, nous livre une prestation pour le moins – reconnaissons le – exceptionnelle et émotionnellement chargée !

Depuis quelques années Disiz explore les sons, au point qu’on en oublierait qu’il était Disiz la Peste à ses débuts. Try Try Try est un titre franchement réussi à la prod bien propre, soignée où l’on retrouve la sincérité posée sur son album de 2022 L’Amour. Une mise à nu sublimée dans une mise en scène minimaliste qui colle parfaitement au propos. Après un passage remarqué au Trianon le 20 mars dernier auprès des plus chanceux, on attend de pieds fermes le nouvel album qui promet des textes intimes qui lui vont bien !

Léman – Les étoiles

Après le succès retentissant de son premier EP On est plein qui l’emmène en ce moment-même en tournée dans toute la France, Léman dévoile cette semaine le clip de son titre Les étoiles, sorti fin janvier.

Tantôt décalée, tantôt engagée, souvent intime, la musique de Léman trouve sa force dans sa capacité à raconter des histoires. Les étoiles, qui ne déroge pas à la règle, évoque le deuil avec douceur.

Des bribes de vie se dévoilent aux différents étages d’une barre d’immeuble. Un fils quitte le foyer, un couple traverse la maladie, un jeune homme a le cœur brisé. De la cour d’immeuble à la chambre à coucher, le manque s’installe. Au milieu de toute cette douleur, c’est pourtant un message d’espoir que porte l’artiste, une rose à la main. « Souviens-toi du meilleur », encourage-t-il, et les absents deviennent des ballons, légers, dansants, prêts à s’envoler vers le ciel et illuminer ceux qui restent de leur lumière céleste.

Les destins qui se croisent dans ce clip joliment réalisé par Jean-Baptiste Drouet donnent une portée universelle au texte de Léman. L’artiste, qui se mêle au paysage, entoure de sa douce poésie les protagonistes et leur rappelle que la beauté d’une histoire ne s’efface pas quand elle se termine. 

Croyez-nous sur parole : rien de tel qu’un live pour découvrir toute la versatilité du pop-rock de Léman. Par exemple, le 30 octobre à la Cigale – il reste quelques places, mais sûrement pas pour longtemps ! 

Structure Moderne – The Rush

Quand on vous dit que la scène post-punk n’a pas fini de nous séduire… Structure Moderne est un quatuor parisien – formé par Simon Farissier, Gil Charvet, Elona Prime et Alexis Fardel – qui sortira son premier album éponyme le 4 avril prochain. Après le premier single Kamalasana paru en février dernier, la vague promotionnelle se poursuit avec le single The Rush.

Aucun visage à l’écran mais une plongée dans un univers visuel très porté sur l’architecture. Inspiré des travaux de l’autrichien Adolf Loos et du français François Morellet, le clip de The Rush – créée par Adrien Toutzevitch – promet un voyage psychédélique où les formes se démultiplient, s’entrelacent, se pixellisent dans une rythmique parfaitement soutenue. Urgent, nerveux semblent maîtres qualificatifs de The Rush, Structure Moderne parvient à installer une ambiance forte. La trompette allège la composition, lui donne un virage psyché. S’il était présent dans l’aspect graphique c’est désormais sur le plan musical qu’il est identifié. Affaire à suivre ! 

Herman Dune – Odysseús

Alors certes, lorsque la vidéo commence, on se demande si c’est bien un clip d’Herman Dune que l’on est en train de regarder. Il y a bien, en effet, le paysage californien où s’est expatrié le franco-suédois depuis quelques années.

Mais il y a aussi, à l’écran, une citation de l’Odyssée homérienne et puis, dans les oreilles, un quatuor à cordes. Un quatuor à cordes chez Herman Dune ? Nous voilà confus, puisque, tant à l’époque où il était le duo des frères Ivar que depuis que David en assume seul la musique, le projet s’est plutôt distingué par une approche minimaliste : trois accords et la vérité. Voilà tout : pour la première fois depuis qu’il a repris à son compte le projet, David Ivar s’est associé à un producteur, David Garza. On commence à tenir un début d’explication lorsque la guitare rentre, et que l’on retrouve tout à coup le Herman Dune que l’on connaît. Son mélange d’autodérision et de lyrisme référencé. Ses chansons sur le manque (on est finalement pas si loin de I Wish I could see you soon paru quelques 19 années plus tôt). Alors, Herman Dune, changé ou identique ? Un peu des deux. Fidèle à lui même, mais enrichi par les années et les apports de celles et ceux qui prêtent leur voix au morceau.

L’écriture est belle, la production élégante. Le chant des sirènes – parmi lesquelles Mayon, également réalisatrice du clip et compagne de l’artiste – s’élève au milieu du désert et l’on aperçoit le songwriter dans une danse, pieds nus sur le sable californien. Un moment de grâce, un vrai. Alors, on se dit que l’on a grand hâte de l’album à venir. Au fond, qu’est-ce-qu’un coucher de soleil sans Herman Dune ?

Foxwarren – Listen to me 

C’est un photo-collage animé qui tient lieu de clip au dernier titre de Foxwarren, réalisé par Winston Kacing. Ici un curieux bassiste en noir et blanc au milieu d’une paire de tournesols et de chauve-souris. Là une porte de sous-marin est accolée au tronc moussu et aux fleurs de cerisiers. Une méthode surréaliste qui n’est pas sans résonance avec le processus de création de l’album lui même.

Foxwarren, c’est un quintet canadien que l’on présente souvent comme le side project du songwriter Andy Shauf. En assume-t-il essentiellement la direction artistique, en plus d’y chanter et y écrire ? Peut-être, mais la chose est certaine : il s’y enrichit néanmoins de l’apport des autres. Ici, chaque membre du groupe a enregistré des idées et embryons de musique à son propre domicile, avant de les déverser dans un drive où le songwriter a pioché. Importées dans un sampler, toutes les idées ont ensuite été assemblées. Musi-collage qui donne peut-être son originalité au titre Listen2me ; son décalage qui rompt la coutume d’un titre par ailleurs légèrement convenu.

Ici, un sample de cordes que personne n’avait vu venir. Là une seconde voix audacieuse, plus loin un fill de batterie réjouissant (dont on prendra de la graine). On est un peu intrigué par la démarche, que l’on espère entendre davantage dans les titres à venir. Ça sera sur le second album du groupe, sobrement intitulé : 2

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